Personnel de la campagne et bénévoles

Dernière modification: January 03, 2012

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Obédiences multiples : Le personnel chargé de l’exécution d’une campagne appartient souvent à deux chaînes de commandement : i) celle de sa propre organisation, membre de l’alliance, et ii) celle de la campagne, définie par les structures de coordination et de direction. Les personnes qui exercent de multiples fonctions au sein de leur organisation risquent de ne pas pouvoir consacrer un temps suffisant à la campagne. Ce risque peut être atténué au moyen d’un accord exprès indiquant le temps exact (en jours-personne pour chaque catégorie de personnel) que chaque organisation membre de l’alliance contribuera à la campagne. Par ailleurs, une définition claire des rôles et des attributions, des chaînes d’autorité, des processus décisionnels, ainsi que des procédures écrites transparentes et des comptes rendus fidèles des réunions, des activités et de la planification et de l’exécution générales de la campagne peuvent aider à minimiser le stress et l’épuisement professionnel des membres du personnel.

Gestion des bénévoles: La gestion d’un groupe de bénévoles de plus en plus nombreux peut présenter certaines difficultés et exiger un temps considérable. Toute campagne comportant une forte composante de mobilisation doit inclure dans sa stratégie un plan sur le soutien à apporter aux nouveaux/nouvelles militant(e)s précisant l’équipe de la campagne ou les membres de l’alliance qui seront chargés d’apporter ce soutien. Il conviendra également de décider si tous les militants/toutes les militantes seront orienté(e)s vers une seule organisation membre de l’alliance ou si chacune de ces organisations en mobilisera; dans ce dernier cas, la création d’une task-force spécifique pourra contribuer à l’application d’une approche cohérente et réduire le temps considérable nécessaire à la coordination des bénévoles.

Les militant(e)s bénévoles recruté(e)s au cours de la campagne doivent savoir quel est leur rôle et quels sont les modes de communication avec le leadership de la campagne. Ils/elles  doivent aussi savoir où trouver des conseils et des appuis et à qui s’adresser dans l’éventualité où des conflits surviennent.

Des événements publics (tels que des rassemblements) et des dossiers pratiques pour les militant(e)s devraient être conçus pour motiver les nouveaux/nouvelles bénévoles et pour veiller à ce que le message de la campagne soit transmis de manière efficace et fidèle. Les dossiers pratiques devraient indiquer comment les militant(e)s peuvent coopter de nouveaux supporters et se renforcer mutuellement, par exemple par le biais de réunions locales. Lorsque l’internet est facilement accessible, les activités d’e-campagne offrent un soutien « virtuel », sous la forme, par exemple, de mises à jour téléchargeables des dossiers pratiques pour les militant(e)s et de forums interactifs. On trouvera de plus amples informations sur les Dossiers pratiques pour les militant(e)s au chapitre Communication de la campagne.

CHOSES À FAIRE

  • Définir clairement à quelles fins la campagne a besoin de bénévoles.  Il peut s’agir, par exemple, de recueillir des signatures pour une pétition, de mener des activités de diffusion auprès du public, de répondre aux appels téléphoniques et de tenir des bases de données pour certains événements, de distribuer du matériel de campagne, de mobiliser des gens pour des manifestations, etc. Toute personne offrant bénévolement ses services doit avoir un rôle et des responsabilités (de quelque importance qu’ils soient) clairement définis. Il vaut mieux disposer de moins de bénévoles sachant clairement ce qu’ils/elles ont à faire, qu’en avoir trop qui n’ont rien à faire une grande part du temps.
  • Élaborer un plan de gestion des bénévoles.  Ce plan doit comporter des instructions claires sur la personne ou l’équipe qui sera chargée de coordonner les activités des bénévoles, de communiquer avec eux et de leur fournir les orientations nécessaires. Il doit également donner des détails sur ce que l’on attend des bénévoles, les informations qui leur seront fournis (ou que l’on leur demandera de fournir), les appuis administratifs dont ils disposeront (tels que les lignes téléphoniques et l’accès aux ordinateurs pour les activités de diffusion extérieure, le transport jusqu’au lieu des événements, etc.) et les mesures que les organisateurs de la campagne devraient prendre pour entretenir leur motivation et les retenir en tant que bénévoles.
  • Organiser promptement des sessions d’orientation et de formation.  Ceci permet d’assurer une bonne compréhension du problème visé par la campagne et une bonne acquisition de connaissances, mais aussi d’informer les bénévoles sur ce qui est attendu d’eux/d’elles dans le cadre de la campagne. Il convient de fournir à chaque bénévole des informations générales détaillées sur le problème visé par la campagne et une liste des questions les plus fréquemment posées dont il/elle pourra se servir lors des activités de diffusion auprès du public. Les séances d’orientation peuvent aussi contribuer à établir un sentiment de solidarité entre les bénévoles et à les motiver en faveur de la cause.
  • Formuler et communiquer clairement les objectifs et les messages clés de la campagne. Il pourra y avoir lieu de ce faire à plusieurs reprises au cours de la campagne afin de s’assurer de la conformité des activités des divers intervenants aux objectifs de la campagne.
  • Tenir périodiquement des réunions de retour d’information. Ces réunions permettent non seulement aux responsables de la campagne de vérifier les progrès accomplis mais elles offrent aussi aux bénévoles la possibilité de poser des questions, de présenter des plaintes ou des revendications et d’émettre des suggestions. Occasions périodiques « d’écouter et de se faire entendre », elles font beaucoup pour limiter les frustrations, les conflits potentiels et les malentendus qui peuvent survenir entre les bénévoles ainsi qu’avec le personnel de la campagne.

CHOSES À NE PAS FAIRE

  • Recruter plus de bénévoles que la campagne ne peut en administrer. S’il peut être tentant d’obtenir davantage d’aide pour les activités de la campagne, et si l’enthousiasme des bénévoles peut apporter un soutien moral appréciable au personnel, il faut néanmoins se rappeler que plus il y a de bénévoles, plus il faut consacrer de ressources et de temps à leur gestion. Une mauvaise gestion des bénévoles est l’une des meilleures façons d’aliéner des militant(e)s bien intentionné(e)s, voire d’en faire des adversaires de la cause.
  • Avoir des attentes excessives. Les bénévoles n’ont pas tou(te)s les mêmes compétences à apporter ni le même temps à consacrer à la campagne et il convient d’en tenir compte dans l’attribution des tâches. Il peut y avoir lieu dans certains cas de tenir des registres pour assurer la continuité des tâches ou activités de longue durée. Par ailleurs, il ne faut pas attendre des bénévoles qu’ils/elles assument des rôles qui reviennent au personnel, tels que la gestion financière de la campagne, les relations avec les donateurs et les membres du conseil/comité directeur, etc.
  • Oublier de dire merci. Les bénévoles font don de leur temps et de leur énergie gratuitement et il est utile de leur faire savoir périodiquement que leurs services sont appréciés pour qu’ils/elles restent motivés et conscient(e)s de l’importance de leurs efforts pour le succès de la campagne.

Faire face au stress et à l’épuisement professionnel

Le stress et l’épuisement professionnel chez le personnel de la campagne (et les bénévoles) ne sont pas inhabituels, en particulier dans les campagnes complexes qui exigent la coordination et la coopération à de multiples niveaux de différentes personnes et organisations, généralement dans un cadre temporel exigeant. En outre, les descriptions des actes de violence à l’égard des femmes auxquelles le personnel et les bénévoles peuvent être exposés peut accroître le stress; également, ils peuvent raviver les souvenirs des personnes qui ont elles-mêmes subi de telles violences dans leur existence et causer chez elles des troubles émotionnels.

Le stress risque aussi de provenir d’une autre source, à savoir des attaques identitaires auxquelles se livrent les adversaires du changement sociale, attaques ouvertes ou subtiles visant les militant(e)s sociaux et portant sur leur style de vie ou sur leur identité afin de porter atteinte à leur réputation.

« Si vous avez un mari, ils pensent que vous le négligez; si vous n’en avez pas, ils se demandent pourquoi; si vous êtes divorcée, ils disent que c’est de votre faute; et si vous êtes veuve, c’est probablement que vous l’avez tué. » (B. Lee cité dans Rothschild, C., 2005.  Written Out…).

Pour prévenir les tensions inutiles et l’épuisement professionnel, il faut reconnaître que les campagnes de lutte contre la violence à l’égard des femmes peuvent être stressantes et trouver des moyens appropriés de gérer le stress. Certaines organisations travaillant avec des survivantes de la violence tiennent régulièrement à l’intention de leurs membres des sessions avec des professionnels de la santé mentale, de manière à réduire le stress psychologique éprouvé lors des activités quotidiennes. Une alternative à moindre coût est proposée par l’organisation New Tactics in Human Rights dans The ABCs of Self-Care [ABC de l’autotraitement] (2004) :  

  • Prise de conscience : Apprendre à reconnaître les signes d’un stress nuisible pour la santé : tension nerveuse, colère, distractivité facile, douleurs dorsales, maux de tête, vision du monde de plus en plus négative;
  • Équilibre : Planifier son emploi du temps de manière équilibrée en prévoyant des périodes de repos et de détente suffisantes et en cultivant les relations privées;
  • Connexion : Établissement de relations de soutien avec les collègues de travail, ami(e)s, famille et autres personnes;
  • Expression : Parler de l’autotraitement et des activités de gestion du stress entre collègues, et envisager les mesures collectives susceptibles de réduire le stress nuisible.