Campagnes de SMS et par téléphonie mobile

Dernière modification: January 03, 2012

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Les options
Les options

L’envoi de messages courts (SMS) à des téléphones portables permet d’atteindre un public plus nombreux que les courriels, car il y a beaucoup de gens qui ont un portable mais qui n’ont pas accès à un ordinateur. Par exemple, en 2008, il y avait environ 300 millions d’utilisateurs de téléphone portable en Afrique. On estime que les personnes disposant d’un revenu d’au moins 5 dollars par jour peuvent se payer un téléphone portable simple (Ekine, 2010. SMS Uprising: Mobile Activism in Africa [Soulèvement SMS : le militantisme mobile en Afrique]).

Il est possible d’envoyer à peu de frais de multiples SMS à un grand nombre d’abonnés au téléphone, par exemple au moyen de services internet. Des logiciels spécialisés tels que Frontline SMS permettent d’avoir des conversations bidirectionnelles simultanées par SMS avec de nombreux usagers, sans connexion à l’internet. Freedom Fone est un type de logiciel qui fournit des informations audio par téléphone, plutôt que des messages écrits transmis par l’internet.

Exemple : Freedom Fone est un système gratuit de communication et de diffusion d’information utilisable pour atteindre des publics divers. Il vise à réduire la fracture de l’information en autorisant l’accès à des informations critiques pour les populations n’ayant pas accès à la télévision, vivant dans des régions reculées ou étant peu alphabétisées. 

Freedom Fone est une application utilisable par tout le monde pour établir des menus interactifs de réponse vocale auxquels on peut ensuite accéder par téléphone par le biais d’un serveur. Lorsque l’on appelle un numéro de téléphone dédié, on entend un menu d’options qui permet de choisir les renseignements dont on a besoin en appuyant sur une touche du téléphone.

Exemples d’utilisations :

Le Kubatana Trust of Zimbabwe a communiqué ainsi des mises à jour hebdomadaires sur la situation des droits civils et des droits de la personne. Voir la vidéo.

L’AWID s’est servi de Freedom Fone pour atteindre les participant(e)s à sa Conférence sur les mouvements féministes en 2008 (en anglais) et a envisagé de s’en servir pour mettre fin à la violence sexuelle envers les femmes et les défenseurs des droits des femmes en République démocratique du Congo (en anglais) en 2009.

Les outils à base de SMS peuvent être employés pour : 

  • Une diffusion rapide d’information aux usagers de téléphones mobiles dont les numéros sont accessibles ou qui savent quel numéro appeler pour s’informer sur la campagne.
  • Le recueil de renseignements actuels sur les événements dont ne rendent pas compte les autres médias et la diffusion de ces renseignements par SMS, un site Web ou d’autres moyens.
  • Le recueil de signatures virtuelles pour une pétition.
  • La mobilisation de fonds : Dans certains pays, les services bancaires par téléphonie mobile tels que MPESA au Kenya permettent d’effectuer des transferts d’argent directs entre usagers. Certaines compagnies de téléphone ou certains réseaux peuvent également être partenaires d’initiatives de mobilisation de fonds (lors de crises humanitaire, par exemple) en proposant aux abonnés un numéro de SMS pour faire un don.

À noter :

  • Lors de la décision de mener une campagne de SMS, évaluez les coûts de conception et de mise en œuvre par rapport aux avantages que vous pouvez escompter de manière réaliste, à savoir, la proportion des publics cibles que vous atteindrez et les actions que les destinataires pourront entreprendre après avoir reçu les SMS.
  • Les SMS n’atteignent pas les gens qui n’ont pas les moyens d’avoir un téléphone mobile ou qui ne peuvent pas lire les messages dans la langue utilisée. Il y a plus de femmes que d’hommes dans cette situation, du fait des différences de revenus entre eux et des taux d’analphabétisme plus élevés chez les femmes. Toutefois, en Afrique par exemple, il y a plus de femmes qui emploient régulièrement un téléphone mobile qu’un ordinateur (Ekine, 2010. SMS Uprising: Mobile Activism in Africa [Soulèvement SMS : le militantisme mobile en Afrique]).
  • Les campagnes de SMS qui demandent d’envoyer un SMS à un abonné désigné ont plus de chances de réussir et d’atteindre le nombre souhaité de supporters si elles donnent un numéro de téléphone sans frais où le SMS peut être envoyé. Ceci n’est pas possible dans certains pays.

Emploi du téléphone mobile dans les campagnes – Exemples africains

  • Campagne de SMS de l’EASSI pour la Journée internationale de la femme (en anglais). Dans le cadre de la campagne de l’EASSI (Initiative d’appui sous-régionale d’Afrique de l’Est pour la promotion féminine) axée sur la Journée internationale de la femme en 2008, le Women of Uganda Network (WOUGNET) a fait usage de SMS pour envoyer des messages et des informations actualisées sur les questions visées par la campagne aux gens qui s’étaient abonnés à ce service gratuit. Le but visé était de sensibiliser aux violations des droits des filles en rapport avec les violences post-électorales au Kenya. Entre le 22 février et le 14 mars 2008, les abonné(e)s ont reçu des SMS d’information quotidiens sur la situation des droits fondamentaux des filles au Kenya et sur le processus de pays, ainsi que des messages tels que « Les dirigeants devraient savoir que même une fillette peut mener un processus d’établissement de la paix à condition qu’on lui en donne la chance ». Tous les SMS envoyés pendant la campagne ont également été affichés sur le blogue du WOUGNET.
  • Pétitions par SMS : La première pétition à base de téléphones mobiles a été conçue par Fahamu et Solidarity with African Women’s Rights [Solidarité avec les droits des femmes africaines] (SOAWR) en 2004 pour renforcer le soutien du public en faveur du Protocole relatif aux droits de la femme en Afrique, instrument régional clé pour la protection de ces droits. Les supporters de la campagne étaient encouragés à texter le mot « Pétition » et leur nom pour que celui-ci soit ajouté à la liste des signataires de la pétition. Les messages à l’arrivée étaient convertis en courriels et une liste actualisée de signataires était affichée sur le site web de la campagne. En sus des SMS et d’un site Web dédié, le bulletin d’information Pambazuka de Fahamu tenait les abonnés au courant de la pétition.

Globalement la campagne de Fahamu/SOWAR a recueilli plus de 4 000 signatures dans 29 pays, dont quelque 10 % (un peu moins de 450) par SMS. Malgré le nombre apparemment peu élevé de signataires, il est considéré que la campagne a contribué à la ratification du protocole par pas moins de 15 pays en l’espace d’un an. L’emploi de la technologie novatrice des SMS a certainement contribué à attirer l’attention sur la campagne.

Le livre SMS Uprising: Mobile Activism in Africa [Soulèvement SMS : le militantisme mobile en Afrique] (Ekine, S., 2010) est disponible gratuitement pour les ONG africaines (courriel : info@pambazukapress.org). Il donne des explications détaillées et des exemples supplémentaires de l’emploi qu’on fait les militant(e)s africain(e)s de la technologie de la téléphonie mobile dans les campagnes.