Le harcèlement sexuel dans le sport

Dernière modification: October 29, 2010

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Le harcèlement sexuel dans le sport revêt une dimension particulière en raison des relations de pouvoir avec les entraîneurs et de l’attention dont le corps des athlètes fait nécessairement l’objet. De plus, les rites de bizutage dans ce domaine peuvent conduire à des actes de harcèlement sexuel. L’existence du harcèlement sexuel dans le sport a été reconnue aux plus hauts niveaux. Le Comité international olympique a publié en 2007 une Déclaration de consensus dans laquelle il est dit :

le harcèlement et les abus sexuels ont lieu dans tous les sports et à tous les niveaux. Ces actes semblent toutefois plus fréquents dans le sport d’élite. Les personnes qui sont dans l’entourage de l’athlète et qui sont en position de pouvoir et d’autorité semblent être les principaux auteurs de ces actes, mais des athlètes ont également été reconnus comme tels. Les hommes sont plus souvent mis en cause que les femmes. […] Les recherches montrent que le harcèlement et les abus sexuels dans le sport ont un impact négatif sérieux sur la santé physique et psychologique des athlètes. Cela peut se traduire par des performances amoindries et conduire à l’abandon de l’athlète. Les données cliniques indiquent que les affections psychosomatiques, l’anxiété, la dépression, la toxicomanie, l’automutilation et le suicide comptent parmi les conséquences les plus graves pour la santé

L’Appel à l’action de Windhoek (en anglais), adopté par la deuxième Conférence mondiale sur les femmes et le sport en 1998, appelle toutes les parties du monde du sport à « offrir un environnement sûr et sain aux filles et aux femmes qui participent au sport à tous les niveaux, en prenant des mesures pour éliminer toute forme de harcèlement, d'exploitation et de violence ». Prenant acte du problème du harcèlement sexuel dans le sport, le Parlement européen a adopté en 2005 une résolution encourageant :

les États membres et les fédérations à adopter des mesures propres à prévenir et à faire disparaître les agressions[1] et les abus sexuels dans le sport, en faisant appliquer la législation sur les agressions sexuelles sur le lieu de travail, à tenir les athlètes et leurs parents informés des risques d'abus et des recours dont ils disposent, à garantir une formation spécifique au personnel des organisations sportives et à assurer le suivi pénal et disciplinaire nécessaire. Voir : Résolution sur les femmes et le sport, § 40.

Le Code d’éthique sportive de l’UNESCO dispose que les organisations sportives ont la responsabilité de :

veiller à la mise en place de garanties [à l’intérieur d’un schéma général d’accompagnement et de protection des enfants, des jeunes et des femmes, afin de protéger ces groupes du harcèlement et des abus sexuels, et][2] afin d'éviter l'exploitation des enfants, en particulier de ceux qui manifestent des aptitudes précoces.

Législation sur le harcèlement sexuel dans le sport : points essentiels

Les lois sur le harcèlement sexuel doivent être étendues aux activités sportives si celles-ci ne sont pas déjà couvertes par les lois générales anti-discrimination ou par la législation du travail, les lois sur l’éducation ou celles relatives à la fourniture de biens et services.

Les lois sur le harcèlement sexuel dans le sport doivent s’inspirer des principes généraux appliqués à la législation sur le harcèlement sexuel, tout en tenant particulièrement compte : [Internal link to Principes généraux above]

  • des différents environnements dans lesquels les femmes et les filles pratiquent une activité sportive ;
  • du fait que le harcèlement sexuel peut être perpétré par un entraîneur, par un autre athlète ou par une autre personne participant à l’accompagnement et à l’entraînement des athlètes ;
  • des rapports de force particuliers existant entre les athlètes et leurs entraîneurs.

 

Prévention

Du fait des rapports de force qui existent entre les athlètes et leurs entraîneurs, ainsi que des enjeux importants pour de nombreux élèves athlètes et athlètes professionnels dont les activités sportives sont imbriquées dans beaucoup d’autres aspects de leur vie, comme par exemple le travail et les études, les organisations sportives doivent prendre les mesures suivantes pour prévenir le harcèlement sexuel et y faire face :

  • établir des directives et des procédures en matière de prévention du harcèlement sexuel et des abus sexuels ;
  • rédiger et mettre en œuvre des codes éthiques et des codes de conduite pour les entraîneurs, qu’ils travaillent avec des adultes ou des enfants ;
  • surveiller l’application de ces directives et procédures ;
  • évaluer l’impact de ces directives sur le signalement des cas de harcèlement sexuel et d’abus sexuels et sur la diminution de leur nombre ;
  • dispenser de la formation sur les risques d’effets néfastes du harcèlement sexuel et des relations sexuelles sur les relations entraîneur-athlète ;
  • définir des procédures de plainte assurant la confidentialité ;
  • protéger les droits légaux des athlètes et des entraîneurs, et prévoir une protection contre les actes de représailles ;
  • vérifier les antécédents de tous les candidats à des fonctions d’entraîneur professionnel ou bénévole ;
  • favoriser des partenariats étroits avec les parents ou les personnes ayant la garde des jeunes athlètes en vue de prévenir le harcèlement sexuel et les abus sexuels ;
  • encourager et soutenir les études scientifiques sur ces questions ;
  • favoriser un climat de discussion libre sur les questions de harcèlement sexuel et d’abus sexuels afin que les athlètes ayant des problèmes se sentent suffisamment en confiance pour en parler ;
  • développer autant que possible l’autonomie des athlètes, notamment en adoptant des méthodes d’accompagnement laissant un niveau optimal d’autonomie et de responsabilité aux athlètes.

Voir : Women’s Sports Foundation, Le harcèlement sexuel et les relations sexuelles entre les athlètes et les entraîneurs ou les autres personnes leur dispensant un accompagnement  : position de la Fondation (en anglais) ; Comité international olympique Déclaration de consensus sur le harcèlement et les abus sexuels dans le sport ; Women Sport International, Brochure sur le harcèlement et les abus sexuels dans le sport (en anglais).

UNE PRATIQUE ENCOURAGEANTE : les Pays-Bas

Le comité national des sports des Pays-Bas a élaboré un plan d’action visant à prévenir et combattre le harcèlement sexuel dans le sport. Il comprend un code de conduite pour les travailleurs professionnels et bénévoles ainsi qu’une permanence téléphonique spécialisée permettant à quiconque de signaler des incidents de harcèlement sexuel dans le sport. Voir : Législation dans les États membres du Conseil de l’Europe en matière de violence à l’égard des femmes,  Vol. II (en anglais), 145, 2002.

 

ÉTUDE DE CAS – Protection ciblée sur les enfants au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l’une des plus importantes organisations caritatives de défense des enfants comprend une unité spécialisée dans la protection des enfants dans le sport. L’Unité de protection des enfants dans le sport (en anglais) de la Société nationale pour la prévention de la cruauté à l’égard des enfants a été fondée en 2001 afin de travailler avec les comités britanniques des sports, les organes dirigeants et d’autres organismes afin de les aider à réduire le risque d’abus dont les enfants peuvent être victimes pendant des activités sportives. Women Sport International, une organisation non gouvernementale basée aux États-Unis qui a mis en place un groupe de travail sur le harcèlement sexuel, a aussi soutenu la création de cette unité spéciale. Cette ONG maintient une permanence téléphonique réservée aux enfants (en anglais), que ces derniers peuvent appeler pour parler de tout ce qui peut les gêner dans la manière dont ils sont traités durant des activités sportives. Le groupe produit également différents matériels destinés aux entraîneurs, aux associations sportives et aux parents, sur le harcèlement sexuel et les abus sexuels, entre autres sujets.



[1] N.d.T. : terme utilisé dans la version française officielle de la Résolution. Le terme employé dans la version anglaise est harassment (harcèlement).

[2] N.d.T. : la partie entre crochets ne figure pas dans la traduction française officielle du Code d’éthique sportive de l’UNESCO et constitue une traduction libre de la version anglaise de ce code.