Conséquences et coûts

Dernière modification: October 31, 2010

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La violence à l’égard des femmes a de multiples conséquences, y compris des incidences intergénérationnelles immédiates et à court terme. Les effets et les coûts économiques qu’engendre la violence à l’égard des femmes se ressentent au niveau individuel (pour les survivantes de violence, les auteurs de tels actes et d’autres personnes qui en souffrent) et au sein de la famille, de la communauté et dans la société toute entière, ce qui se traduit par des coûts économiques au niveau national.

Conséquences et coûts pour l’individu et la communauté

Au-delà de la souffrance immatérielle infligée aux femmes et des incidences négatives sur leur qualité de vie et leur bien-être, la violence à l’égard des femmes entraîne des coûts, notamment des coûts pour la survivante de la violence et les membres de sa famille en termes de santé (psychologique et physique), d’emploi et de situation financière, et de conséquences pour leurs enfants. Sur les 10 causes et facteurs de risque jugés les plus probables d’entraîner des handicaps physiques et la mort chez les femmes de 15 à 44 ans, le viol et la violence domestique ont figuré devant le cancer, les accidents de voiture, la guerre et le paludisme. (Banque mondiale, 1994). Voici quelques exemples de conséquences et coûts:

  • lésions physiques, comme les fractures et les hémorragies, et maladies physiques chroniques (troubles gastro-intestinaux, troubles du système nerveux central, douleurs chroniques);
  • problèmes psychologiques, comme la dépression, les troubles d’anxiété, les troubles post-traumatiques, tentatives de suicide;
  • problèmes sexuels et troubles du système reproductif, comme les infections sexuellement transmissibles (notamment le VIH) et autres maladies chroniques; dysfonctionnement sexuel;
  • grossesse non programmée ou non souhaitée et avortement non médicalisé; grossesse à risque pour la santé de la mère et du fœtus (notamment en cas de toxicomanie pendant la grossesse);
  • toxicomanie (y compris l’alcoolisme);
  • inadaptation, isolement et marginalisation sociales;
  • effets mortels pour la mère et l’enfant (du fait de manque de soins, de lésion physique, de risques inhérents à la grossesse, d’homicide, de suicide et de complications liées au virus VIH/sida);
  • perte de journées de travail, rendement plus faible et manque à gagner;
  • capacité réduite ou incapacité de profiter des opportunités d’éducation et d’emploi, et de participer pleinement à la vie sociale et politique;
  • et engagement de dépenses (au niveau du budget individuel, familial et du secteur public) pour les services de santé, de protection, juridiques et sociaux).

(Heise, et al.,1999; Heise et Garcia-Moreno, 2002; Assemblée générale de l’ONU, 2006)

Au-delà des conséquences directes et à court terme, les enfants qui sont témoins de scènes de violence ont plus de chances de souffrir de troubles affectifs et comportementaux, d’avoir de piètres résultats scolaires et de perpétrer ou de subir des violences à l’avenir. Pour leur part, les entreprises et les employeurs risquent de subir des pertes financières en raison de l’absentéisme des femmes contraintes d’interrompre leur travail pour cause de violence physique; de l’incarcération de l’auteur de tels actes; et des dépenses encourus pour la mise en place sur le lieu de travail de mesures de sécurité additionnelles indispensables. (Assemblée générale de l’ONU, 2006; Walby, 2004; TC-TAT, 2008; Bott, et al., 2005)

La violence à l’encontre des femmes réduit la productivité et draine les budgets publics. La violence à l'égard des femmes se traduit par d’énormes coûts directs et indirects pour les victimes, les employeurs et le secteur public en termes de santé, de police, de frais juridiques et associés, ainsi qu'en pertes de salaires et de productivité. Selon une étude menée en Inde, une femme perd en moyenne au moins 5 jours de paye pour chaque incident violent de la part de son partenaire intime, alors qu’en Ouganda, environ 9 % des incidents violents ont forcé les femmes à perdre du travail rémunéré pour une durée approximative de 11 jours par an. Le coût annuel de la violence émanant du partenaire intime s’élève à 5,8 milliards de dollars américains aux États-Unis et à 1,16 milliard de dollars américains au Canada. En Australie, le coût de la violence à l’égard des femmes et des enfants est estimé à 11,38 milliards de dollars par an. À Fidji, le coût annuel estimé était de 135,8 millions de dollars américains pour 2002, soit 7 % du PIB de cette même année. À elle seule, la violence domestique coûte approximativement 32,9 milliards de dollars à l’Angleterre et au Pays de Galles.

Les coûts et les conséquences de la violence à l’égard des femmes perdurent pour des générations. Les enfants témoins de violence domestique courent davantage de risques d'anxiété, de dépression, de dévalorisation de soi et de mauvais résultats scolaires, entre autres problèmes qui portent préjudice à leur bien-être et à leur développement personnel. Au Nicaragua, 63 % des enfants dont la mère est maltraitée ont dû redoubler une classe et ont abandonné leurs études en moyenne quatre ans plus tôt que les autres enfants. Les enfants, filles ou garçons, qui ont été témoins ou qui ont subi des violences sexistes sont plus susceptibles de devenir victimes ou maltraitants au cours de leur vie. Par exemple, des enquêtes menées au Costa Rica, en République tchèque, aux Philippines, en Pologne et en Suisse ont révélé que les garçons ayant vu leur père faire usage de la violence à l’encontre de leur mère sont trois fois plus susceptibles de recourir à la violence à l’égard de leurs partenaires, au cours de leur vie.

La violence sexuelle prive les filles d’éducation. La violence liée au milieu scolaire limite les opportunités et la réussite des filles en matière d’éducation. Dans une étude menée en Éthiopie, 23 % des filles ont signalé avoir subi une agression sexuelle ou un viol en se rendant ou en revenant de l’école. En Équateur, des adolescentes signalant des violences sexuelles en milieu scolaire ont identifié des professeurs en tant qu'auteur dans 37 % des cas. En Afrique du Sud, 33 % des viols de filles signalés ont été perpétrés par un professeur. Beaucoup de filles ont changé d’école ou abandonné leurs études suite à l’hostilité qu’elles ont rencontrée après avoir signalé ces violences.

La violence nuit à la santé reproductive et maternelle et à la santé de l’enfant. La violence sexiste restreint sévèrement la capacité des femmes à exercer leurs droits reproductifs et elle a de graves conséquences sur la santé sexuelle et reproductive. Une femme sur quatre subit des violences physiques ou sexuelles lors de la grossesse. Ce fait accroît les probabilités de fausse couche, de mortinaissance et d'avortement, ainsi que d'accouchement prématuré et de poids faible à la naissance. 23 à 53 % de femmes agressées physiquement par leur partenaire intime durant leur grossesse reçoivent des coups de pieds ou de poings dans le ventre. La violence limite l’accès des femmes à la planification familiale, capable de diminuer potentiellement la mortalité maternelle de 20 à 35 %, selon les estimations, en réduisant l'exposition des femmes aux risques sanitaires liés à la grossesse. Les femmes qui subissent des violences ont tendance à avoir davantage d'enfants qu'elles ne le souhaitent. Cela ne montre pas seulement le peu de contrôle qu'elles ont sur les décisions qui concernent leur vie sexuelle et reproductive, mais réduit également les avantages démographiques potentiels de la santé reproductive, que l’on estime susceptibles de réduire la pauvreté de 14 %. Les pratiques nuisibles portent également atteinte à la santé de la mère et de l’enfant. Le mariage des enfants, qui se traduit par des grossesses précoces et non désirées, pose des risques vitaux pour les adolescentes : les complications liées à la grossesse sont la principale cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans dans le monde. Les mutilations génitales féminines accroissent les risques d’obstruction du travail, d’accouchement à complications, de mortalité du nouveau-né, de saignements post-partum, d’infections et de mortalité maternelle.

La violence alimente la pandémie du VIH et du sida. La violence limite la capacité des femmes à se protéger contre le virus VIH et les femmes vivant avec le virus VIH ou le sida sont souvent la cible de maltraitance et de stigmatisation. Les jeunes femmes courent plus spécialement le risque de violences liées à la fois au virus VIH et au sexe : elles représentent environ 60 % des 5,5 millions de jeunes vivant avec le virus VIH et le sida dans le monde. Les femmes sont en outre 2 à 4 fois plus susceptibles que les hommes de contracter le virus VIH lors de rapports sexuels, et les rapports forcés ou le viol accroissent ce risque puisqu’ils réduisent l’utilisation du préservatif et qu’ils provoquent des lésions corporelles. Aux États-Unis, l'année dernière, 11,8 % des nouvelles infections au VIH parmi les femmes âgées de plus de 20 ans sont à attribuer à la violence de leur partenaire intime. Des études menées en Tanzanie, au Rwanda et en Afrique du Sud suggèrent que les femmes ayant subi des violences de la part de leur partenaire sont plus susceptibles de contracter le virus VIH que les autres. Jusqu’à 14,6 % des femmes d'Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud-Est ont signalé que leurs partenaires intimes leur ont fait subir des violences lorsqu’elles leur ont annoncé leur séropositivité. La crainte de la violence est un obstacle qui empêche les femmes de révéler leur séropositivité et d'accéder aux traitements appropriés.

La vie est dangereuse pour les femmes et les filles dans les taudis. Les femmes qui vivent dans les zones urbaines pauvres sont plus particulièrement en danger de subir des violences physiques et psychologiques. Elles sont deux fois plus susceptibles que les hommes de subir des violences, notamment dans les pays en développement. À Sao Paulo, Brésil, une femme est agressée toutes les 15 secondes.

Ces faits sont extraits de End Violence Against Women and Girls: La feuille de faits (compilé par l'UNIFEM, 2010). Disponible en anglais, espagnol et français.

D’autres études révèlent que :

  • au Chili, le coût de la violence familiale en termes de perte de salaire pour les femmes s’est élevé en 1996 à 1,56 milliard de dollars américains, soit plus de 2% du produit intérieur brut (PIB) du pays, alors qu’au Nicaragua il représentait en 1997 un montant de 29,5 millions de dollars ou 1,6% du PIB domestique. (Morrison et Orlando, 1999);
  • Au Guatemala, les coûts de la violence l'ont représenté l'équivalent de 7,3% du PIB.
  • en Ouganda, le coût annuel de la prise en charge par les services hospitaliers de femmes victimes de violence de la part de leurs partenaires intimes est de 1,2 million de dollars américains. (Centre international de recherche sur les femmes – CIRF, 2009);
  • au Maroc, le coût annuel pour le système de justice pénale causé par la violence perpétrée par un partenaire intime s’élève à 6,7 millions de dollars américains. (CIRF, 2009);
  • en Nouvelle-Zélande, le coût annuel de la violence à l’égard des femmes est estimé au minimum à 1,2 milliard de dollars néo-zélandais. (Snively, 1994);
  • en Macédoine, le coût annuel de la violence familiale à l’égard des femmes s’élevait annuellement (chiffres de 2006) à 1,38 million de dollars américains. (Gancheva, et al., 2006);
  • en Europe, les coûts annuels de la violence à l’égard des femmes perpétrée par leurs partenaires intimes variaient de €106 millions en Finlande, (Heiskanen, et al., 2001 cité dans Hagemann-White, C., et al. 2006), à 142,2 millions de dollars américains aux Pays-Bas (Korf, et al., 1997, cité dans Waters et. Al., 2004), à 290 millions de dollars en Suisse (Yodanis et Godenzi, 1999 cité dans Duvvury, et al., 2004) et 19,81 milliards de dollars en Suède. (Enval et Erikssen, 2004)

Voir les Références

Ressources supplémentaires:

Intimate Partner Violence – High Costs to Households and Communities (CIRF et PNUAD, 2009). Disponible en anglais.

Addressing Violence against Women and Achieving the Millenium Goals (OMS, 2005). Disponible en anglais.

Estimating the Costs and Impacts of Intimate Partner Violence in Developing Countries: A Methodological Resource Guide (CIRF, 2009). Disponible en anglais.

Costs of Intimate Partner Violence at the Household and Community Levels: An Operational Framework for Developing Countries (CIRF, 2004). Disponible en anglais.

The Costs and Impacts of Gender-Based Violence in Developing Countries: Methodological Considerations and New Evidence (Banque mondiale, 2004). Disponible en anglais.

The Economic Dimensions of Interpersonal Violence (OMS, 2004). Disponible en anglais.