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Travailleuses du sexe

Dernière modification: February 25, 2011

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Les options
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  • Étant donné que le travail du sexe est souvent illicite et/ou déprécié dans de nombreuses régions du monde, les travailleuses du sexe sont souvent marginalisées.  Leur marginalisation les expose à des risques de violence de multiples manières : elles peuvent travailler seules, dans des quartiers qu’elles connaissent mal et sans la protection de la police; elles peuvent ne pas avoir su établir de réseaux de soutien qui pourraient les aider à éviter les clients ou les environnements dangereux; et elles peuvent rechercher la protection de gangs ou de personnes opérant dans l’illégalité, ce qui comporte d’autres risques d’exploitation et de maltraitance.  Les travailleuses du sexe peuvent également ne pas connaître leurs droits et ne pas considérer un acte comme constitutif de violence s’il n’a pas pour conséquence une hospitalisation; elles sont de ce fait moins susceptibles de déclarer les actes de violence, ce qui limite leur aptitude à prévenir leur récurrence (International HIV/AIDS Alliance, 2008; OMS, 2005b).
  • Même lorsque les travailleuses du sexe sollicitent effectivement de l’aide, elles peuvent s’exposer se faisant à des mauvais traitements supplémentaires. Dans le secteur de la santé, par exemple, lorsque les professionnels n’ont pas reçu la formation appropriée, ils peuvent refléter dans leurs jugements et leurs actes la stigmatisation dont elles font l’objet dans le contexte culturel général. Ils peuvent alors manifester leur désapprobation, refuser de les traiter, les soumettre à des tests obligatoires de dépistage du VIH, publier leur état sérologique VIH et menacer des les signaler aux autorités.  Les travailleuses du sexe qui ont été violées ou battues risquent d’être considérées comme responsables des faits ou de voir rejeter leurs plaintes (Montgomery, R., 1999 & Amin, A., 2004, cités dans Organisation mondiale de la santé, 2005b).
  • La norme minimale que tout service de santé doit respecter est celle de ne pas nuire. Il est donc essentiel que les services de santé forment leur personnel et lui apprennent à traiter les travailleuses du sexe avec le même respect et la même compassion qu’ils manifestent à l’égard de toute autre personne, et à ne pas les signaler aux autorités.  En outre, la vulnérabilité des travailleuses du sexe à la violence exige également que les agents de santé aillent au-delà de la norme minimale pour leur fournir des conseils d’appui axés sur leurs droits et un dépistage volontaire du VIH et qu’ils les réfèrent à des services d’aide juridique si ceux-ci sont disponibles.  Outre toute la gamme des services en rapport avec la violence décrits dans Build institutional capacity to address violence against women and girls in hospitals, health clinics, and other primary and secondary health facilities,  [Renforcement des capacités institutionnelles en matière de violence à l’égard des femmes et des filles dans les hôpitaux, les dispensaires et autres établissements de santé primaires et secondaires] les établissements de santé devraient également être en mesure de :
    • Fournir aux travailleuses du sexe des informations sur leurs droits et sur le fait que la violence y porte atteinte.
    • Fournir aux travailleuses du sexe des informations sur les services auxquels elles peuvent s’adresser sans danger pour y trouver de l’aide et résoudre les problèmes de violence.
    • Prévoir des lieux sûrs où les travailleuses du sexe peuvent signaler les cas de violence en étant assurées de la confidentialité de leurs déclarations et du respect de leur vie privée.
    • Fournir des services de santé à proximité des lieux de travail des travailleuses du sexe, en établissant par exemple un dispensaire dans les hôtels qu’elles fréquentent.
    • Appuyer la formation d’organisations de travailleuses du sexe qui peuvent plaider en faveur de soins médicaux de qualité pour celles-ci.
    • Former les prestataires de services aux travailleuses du sexe à la façon de dispenser des soins sans stigmatiser celles-ci.

Sources : OMS et Global Coalition on Women and AIDS, ONUSIDA, 2005b; ONUSIDA, 2009.

 

  • La violence à l’égard des travailleuses du sexe est l’un des facteurs qui alimentent l’épidémie de VIH dans de nombreux pays, parce que la violence à l’égard des femmes et des filles est liée à leur incapacité d’exiger l’emploi du préservatif et donc de se protéger elles-mêmes ainsi que leurs clients.  Les programmes de lutte contre la propagation du VIH ont un rôle important à jouer par rapport à la violence.  L’International HIV/AIDS Alliance a documenté certaines manières selon lesquelles les services liés au VIH et au sida peuvent contribuer à réduire la violence à l’égard des travailleuses du sexe en obtenant la participation de certaines d’entre elles à la formation des prestataires et à l’élaboration de protocoles :
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    • Les projets visant le VIH/sida peuvent aider les travailleuses du sexe à diriger des formations à l’intention des prestataires de soins de santé, pour leur montrer comment ils devraient se comporter avec les travailleuses du sexe et les traiter de manière non abuse et sans les stigmatiser. Les travailleuses du sexe peuvent œuvrer avec les services de santé pour élaborer des directives favorables à la sécurité, à la confidentialité et à la fourniture de soins et d’appuis non discriminatoires (International HIV/AIDS Alliance, 2008).

Exemple :  En 2003, la Fondation Bill & Melinda Gates a lancé Avahan, une initiative visant à enrayer la propagation du sida en Inde. Avahan apporte spécifiquement son concours à des programmes de soutien qui desservent les groupes les plus vulnérables à l’infection par le VIH, notamment les travailleuses du sexe et leurs clients et partenaires. Par ses interventions visant à réduire l’infection par le VIH chez ces femmes, Avahan a atteint 59 000 d’entre elles depuis 2004. L’initiative a notamment mis en place un système de sensibilisation des agents de santé à la fourniture de soins appropriés aux travailleuses du sexe et dispensé des orientations à des travailleuses du sexe en tant que pairs éducatrices pour qu’elles sachent s’apporter une aide mutuelle et prendre contact avec les prestataire et la police lorsque les femmes subissent des violences ou des actes de coercition. Au cours des 12 mois suivant la mise en place du système, le projet avait répondu à toutes les crises signalées dans les 20 minutes, fourni des services à 6 507 travailleuses du sexe et amélioré la négociation de l’usage du préservatif. Précédemment, le temps de réponse était de 8 heures et le taux de réponse n’était que de 80 % des cas signalés (Gaikwad and Kumar, 2008).
 

 

Exemple :  L’organisation Médecins sans Frontières (MSF) a eu à relever des défis particuliers dans son travail avec les travailleuses du sexe migrantes à Svay Pak (Cambodge).  Du point de vue de l’organisation, les seules prestations de services cliniques n’étaient pas suffisantes pour assurer l’efficacité de ses efforts de lutte contre le VIH/sida. MSF a donc jugé important de s’attaquer à certains des facteurs généraux influant sur la vulnérabilité des travailleuses du sexe et sur les risques auxquels elles sont exposées, sans menacer pour autant les propriétaires des maisons de prostitution ou les autres groupes influents tels que la police. Toutefois, l’organisation travaillait dans une région où les travailleuses du sexe étaient soumises à de strictes limites, leurs mouvements étant contrôlés par la police et par les propriétaires des maisons de prostitution. Ces derniers se montraient généralement soupçonneux de toute organisation qui tentait d’intervenir auprès des travailleuses du sexe, mais étaient néanmoins très désireux de laisser les travailleuses du sexe bénéficier de services cliniques.  MSF a donc établi dans son dispensaire un centre destiné aux travailleuses du sexe où celles-ci peuvent se présenter sans rendez-vous et où elles trouvent un espace sûr où elles peuvent se réunir de façon informelle lors de leurs visites au dispensaire. Peu à peu, le centre a commencé à organiser des activités suivies en groupe et notamment des débats structurés sur le bien-être, les besoins communs de la communauté et les façons d’y subvenir. Il est devenu progressivement possible d’aborder dans ces débats des sujets sensibles tels que la violence et les moyens de l’éviter, encore que les facilitateurs aient bien pris soin de laisser ces questions émerger d’elles-mêmes, sans imposer un examen de ces divers sujets.  (Busza, J., Hom-Em, X., Ly, S., Un, S., 2001. “Petals and thorns: the dilemmas of PLA and d
ebt bondage” [« Pétales et épines : les dilemmes de l’APA et de la servitude pour dettes »], PLA Notes 40.) 

 

 

Source : Extrait d’International HIV/AIDS Alliance, 2008. “Sex Work, Violence and HIV” [Travail du sexe, violence et VIH], p. 20.

 

 

Ressources supplémentaires:

Sex Work, Violence and HIV. A Guide for Programmes with Sex Workers [Travail du sexe, violence et VIH. Guide pour les programmes avec les travailleuses du sexe] (International HIV/AIDS Alliance. 2008).  Disponible en anglais.  Voir aussi le site web de l’AIDS Alliance

Le VIH et le commerce du sexe – Note d’orientation de l’ONUSIDA (ONUSIDA, 2009). Disponible en français et en anglais.  

The Global Network of Sex Work Projects (NSWP) [Réseau mondial pour les projets relatifs au travail sexuel]. Visiter le site web et voir “Violence, Repression and Other Health Threats” [« Violence, répression et autres menaces pour la santé »] (Wolffers, I. 2001) dans Issue 4: Risk and Violence [Problème 4 : Risque et violence] de Research for Sex Work [Recherche pour le travail sexuel]. Disponible en anglais.