Principales difficultés

Dernière modification: September 14, 2012

Ce contenu est disponible dans

Les options
Les options
  • Des normes et des structures sociales réduisent l’accès des femmes aux services de soutien. Malgré des engagements fermes à l’échelle internationale, régionale et nationale en faveur de l’égalité des femmes et du respect de leurs droits humains, ces droits continuent d’être bafoués dans beaucoup de pays et les attitudes sociales tolèrent la persistance d’un statut inférieur des femmes et la violence à leur égard. Dans certaines régions, les femmes sont exposées à des risques accrus de violence si elles cherchent un abri, consistant, par exemple, en représailles exercés ultérieurement par l’agresseur, des membres de leurs familles ou de leurs communautés, ou en poursuites engagées par le ministère public dans les cas où les victimes de viol peuvent être accusées d’adultère. Les femmes risquent de subir la discrimination et la stigmatisation de la part de leur communauté si elles divulguent la violence qu’elles ont vécue, ou de perdre la garde de leurs enfants dans les cas où les pères se voient accorder des droits parentaux préférentiels. Les femmes lesbiennes, bisexuelles, transsexuelles et allosexuelles victimes de violence de la part de leurs conjoints risquent de s’isoler afin de garder la relation secrète ou d’éviter la stigmatisation sociale. Les femmes marginalisées peuvent se heurter à des attitudes hostiles de la police, des prestataires de  services de santé et d’autres services qui cautionnent les actes de violence perpétrées à leur endroit. Dans ces situations, comme dans beaucoup d’autres, les femmes tendent à ne chercher un abri que lorsqu’elles ont le sentiment d’avoir épuisé toutes les autres voies de recours (Alberta Council of Women’s Shelters, 2009;  Barrett & St.Pierre, 2011; OSCE, 2009; Kelly & Dubois, 2008; SPC, 2010).
  • Obstacles économiques à la recherche d’aide. Le statut économique inégal des femmes et les fardeaux financiers placés sur celles qui cherchent refuge (à l’occasion des démarches pour trouver un nouveau logement, déménager de la communauté ou quitter son emploi) constituent une entrave majeure pour les femmes qui essayent de fuir la violence, notamment celles appartenant aux milieux socio-économiques défavorisés ou qui dépendent financièrement de leur agresseur. Les femmes handicapées et les femmes âgées peuvent aussi être tributaires de leurs gardiens violents, et éviter de solliciter une aide par crainte de se trouver privées de soins de base, d’affection et de ressources financières.  Le contrôle et l’exploitation économique exercés par des conjoints intimes ou des gardiens peuvent entraver davantage encore l’accès d’une femme aux structures de soutien par des stratégies qui empêchent ou compromettent son éducation et ses perspectives d’emploi, contrôlent son accès aux ressources économiques ou placent un énorme fardeau financier sur sa personne consistant, par exemple, de dépenses de ménage, de prêts et de dettes, ou à la forcer à commettre des forfaits. Dans ces conditions, la discrimination sur le marché du travail aggrave la vulnérabilité des femmes vis-à-vis de la violence en réduisant leurs choix en matière d’emploi (l’emploi précaire et les bas salaires comptent parmi les facteurs de risque favorisant la traite), et peut limiter leurs possibilités de rapporter ou de fuir les situations de violence (Rees & Wilson, 2011; OSCE, 2009).
  • Faible sensibilisation des femmes et des filles à leurs droits. Les actions des foyers d’hébergement pour attirer l’attention sur les violences subies par les femmes, leurs droits et les choix à leur disposition pour se sortir d’une situation violente, peuvent être compromises dans des cas où le statut des femmes est jugé inférieur à celui des hommes, où la justification de la violence à l’égard des femmes est plus généralement acceptée (par les femmes et les hommes), et où l’analphabétisme ou l’exclusion sociale sont répandus, ce qui a pour résultat de limiter l’accès des femmes au matériel écrit de sensibilisation ou d’information, en particulier celui consacré aux services et aux initiatives de lutte contre la violence dans leur communauté. À titre d’exemple, des groupes marginalisés de femmes et de jeunes filles (migrantes, groupes autochtones, adolescentes, groupes des zones rurales, groupes de femmes handicapées, etc.) risquent de ne pas bien connaître leurs droits juridiques ou de n’avoir qu’un accès limité aux informations relatives à leurs droits, en raison des nombreuses formes de discrimination que subissent les femmes et la capacité limitée des activités de mobilisation des foyers d’hébergement en faveur de la pleine participation de toutes les catégories de femmes aux activités communautaires (ONU-Habitat, 2010; OSCE - 2010).
  • Nombre et couverture insuffisants des espaces d’hébergement sécurisés. Dans de nombreuses régions du monde, la demande de services d’hébergement dépasse souvent le nombre de places disponibles et, dans certains pays, le nombre de structures d’hébergement demeure insuffisant (souvent limitées à la capitale   ou aux zones urbaines). Ainsi, le Troisième Global Data Count (Données globales chiffrées) de 2011 a relevé que, dans une seule journée, 56.308 femmes et 39.130 enfants cherchaient à se mettre à l’abri de la violence dans 36 pays du monde, alors que12.342 femmes et enfants se voyaient refuser des services par manque d’espace et de ressources. Même les pays dotés de structures d’hébergement souffrent de graves pénuries de services dans les zones reculées et rurales, qui touche les femmes des petites communautés, notamment les groupes autochtones, qui risquent déjà d’être isolés ou exclus de l’assistance disponible.  Outre l’absence de structures physiques, les survivantes des régions rurales sont confrontées à l’absence d’anonymat et de confidentialité lorsque’elles sollicitent de l’aide, ou risquent d’habiter à des kilomètres du voisin, de l’ami ou du membre de la famille les plus proches et disposent de peu de moyens pour accéder aux garderies d’enfants, au marché de l’emploi, aux moyens de transport et aux différents services. Cette situation est perpétuée par un cadre législatif et politique contraignant et un faible engagement gouvernemental en faveur de ces services (ex. financement des abris d’urgence, mais allocation de subventions insuffisantes au logement ou au soutien transitoire) (Global Network of Women’s Shelters, 2011; Division pour la promotion de la femme de l’ONU, 2006; Sieger, 2003).
  • Portée limitée des services d’hébergement: Beaucoup d’abris dans le monde en sont aux premiers stades de développement. Les services qu’ils proposent s’adressent le plus souvent aux victimes de la violence familiale, catégorie qui peut comprendre la plupart des femmes qui cherchent un abri dans différentes       conditions. Généralement, il y a peu de structures d’hébergement capables de satisfaire les besoins variés de groupes particuliers de femmes, que ce soit au niveau des installations physiques et des services accessibles aux femmes handicapées sur le plan physique ou intellectuel, des programmes conçus pour répondre aux besoins des jeunes filles et des adolescentes, des femmes âgées, des lesbiennes, des migrantes et des réfugiées ou des femmes sans papiers, et de celles appartenant à des groupes ethniques, autochtones et autres groupes marginalisés. Les immigrantes risquent de peiner à obtenir de l’aide en raison des différences linguistiques, des menaces de déportation de la part de conjoints ou d’agresseurs violents, en sus des autres obstacles inhérents à leurs démarches. Les services ne sont peut-être pas capables de repérer les femmes qui ont subi certaines formes de violence (comme la traite), de répliquer à de nombreuses formes de violence (par ex. le mariage forcé assorti de violence conjugale), ou d’intervenir dans les cas où il y a plusieurs agresseurs. Dans bien des communautés, les systèmes, les institutions et les praticiens chargés de la prestation de services (services de santé, juridiques et sociaux) de disposent peut-être pas des protocoles et processus nécessaires à l’identification précise de la violence, et le personnel des centres d’hébergement n’est peut-être pas suffisamment compétent pour savoir comment traiter les femmes ayant des besoins spéciaux.  Ainsi, une survivante de viol privée de statut juridique dans son pays de résidence risque de ne pas pouvoir obtenir une aide au logement ou de penser qu’elle n’a aucun droit à une assistance juridique si le personnel du centre d’hébergement ne connaît pas la législation applicable et ne peut pas informer les femmes sans papiers des services à leur disposition (Organisation internationale pour les migrations, 2007; Multi-Agency Practice Guidelines, 2009; OSCE, 2009; Barret & St. Pierre, 2011; WAVE, 2004a,b; Weeks & Oberin, 2004).
  • Soutien financier insuffisant et limites connexes des services disponibles. La protection et les services destinés aux femmes et aux filles qui fuient la violence exigent un financement durable, assuré par des fonds publics destinés à cette fin, conformément aux obligations de diligence de l’État. Bien que les foyers d’hébergement reçoivent fréquemment des fonds de l’État et des bailleurs de fonds, le financement public est traditionnellement insuffisant et incohérent dans la durée. Par ailleurs, le financement accordé par les bailleurs de fonds est souvent axé sur les projets et déconnecté des aspirations du groupe prestataire de services. L’insuffisance ou l’absence de financement stable des foyers d’hébergement fragilisent leur viabilité et forcent les limites de capacité des organisations de soutien des survivantes. Dépouvus de personnel compétent pour la mobilisation et la collecte de fonds, beaucoup de  foyers ont souvent fort à faire avec les démarches de demande et d’obtention de financement pour leurs services. Privées de financement suffisant, ces organisations n’ont souvent pas les moyens d’acquérir et de maintenir des ressources organisationnelles ou humaines, une assistance technique et autres services, comme la fourniture de logement en situation de crise continue et à titre transitoire, ou la facilitation de l’accès des femmes à la gamme complète de services de soutien en matière de santé, de justice, de sécurité, psychosociale, de sensibilisation et communautaire, qui sont indispensables à la réduction des risques futurs de violence.  Même équipés de plans d’action prometteurs, d’une bonne communication et d’employés compétents, les foyers d’hébergement ont souvent du mal à obtenir un financement suffisant pour satisfaire les demandes et répondre aux besoins des femmes qui sollicitent leur aide. Cette situation réduit le nombre des femmes susceptibles d’être aidées, affaiblit la capacité de retenir du personnel compétent et des bénévoles, et a une incidence néfaste sur la qualité globale des services fournis (ONU-Habitat, 2010).
  • Manque de soutien à long terme. Le fait de pouvoir offrir aux femmes et à leurs enfants la possibilité d’occuper un logement sûr et abordable en quittant un abri constitue un problème majeur dans bien des cas. Ainsi, les femmes qui dépendent, sur le plan économique, de leur conjoint ou d’autres membres de la famille se heurtent souvent au problème du choix de rester dans une situation violente ou de devenir des sans-abri. L’absence de structures d’hébergement de deuxième étape contraint un nombre élevé de femmes qui ont fui la violence conjugale à rentrer chez elles et à retrouver des situations de violence. L’accès des survivantes à des logements abordables et sécurisés est limité, et même dans des communautés affluentes, le parc de logements disponibles de ce type est insuffisant pour faire face à la demande. La durée maximale du séjour dans les abris d’urgence est habituellement courte (jusqu’à 21 jours), ce qui risque de ne pas donner suffisamment de temps aux femmes pour décider du type d’habitation dont elles ont besoin ou pour repérer et obtenir un espace adéquat avant de quitter l’abri. Les initiatives de l’État pour accroître le nombre d’habitations disponibles sont souvent prises sans tenir compte des besoins sécuritaires particuliers des femmes qui fuient la violence (par le biais d’une évaluation minutieuse des risques, d’un aménagement sécuritaire et de précautions en matière de sécurité des logements, ce qui limite encore plus les choix des femmes d’un lieu de résidence fixe. De nouveaux efforts de sensibilisation et de nouvelles ressources sont nécessaires dans ce domaine (Tutty et al., 2009; Radhika Coomaraswamy, 2000, comme citée dans COHRE, 2004).
  • Le manque d’évaluations rigoureuses et diversifiées sur le plan régional des programmes d’hébergement. Malgré le développement des activités de recherche sur les interventions, la capacité de démontrer ce qui “marche” est toujours limitée. Des ressources sont nécessaires pour élaborer des méthodes permettant de comprendre les modifications mineures et majeures indispensables à l’amélioration continue des services d’hébergement et de leur efficacité pour les femmes et les filles. Cela comprend la nécessité d’évaluations des solutions d’hébergement alternatives, comme les initiatives en matière de résidences protégées ou de sanctuaires, qui continuent de se développer là où une structure d’hébergement n’est pas réalisable. Les États, les organismes, les organisations non gouvernementales et les chercheurs doivent coopérer à l’élaboration et au perfectionnement d’indicateurs et de mesures adaptés aux différents niveaux d’analyse. Il faudra surveiller la disponibilité des services comme les abris et autres formes d’assistance des survivantes pour bien comprendre à quel point et dans quelle mesure ces services sont nécessaires et évaluer une réponse de la société au problème (Secrétaire général des Nations Unies, 2006ab).