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Plaidoyer

Dernière modification: December 31, 2013

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  • Le plaidoyer est un outil important qui peut servir à influencer les décideurs en vue de modifier et de faire évoluer les politiques et programmes de protection des femmes et des filles contre la violence dans les situations de conflit et d’après-conflit. Le mécanisme de coordination VBG est particulièrement bien adapté pour entreprendre un plaidoyer dans la mesure où il regroupe de multiples organisations et individus à même de s’exprimer d’une seule voix sur des problématiques spécifiques, en particulier lorsque les questions sont controversées ou difficiles.
  • Le plaidoyer est souvent considéré à tort comme un synonyme de la sensibilisation, une approche utilisée dans les activités de mobilisation des communautés ; d’information, d’éducation et de communication (IEC) ; et/ou de communication visant la modification des comportements (BCC). Si la sensibilisation peut constituer une étape importante du processus de plaidoyer, elle n’en est pas l’objectif ultime (adapté de CIS, 2011 et Ward, 2010).

Type d’approche

Objectif

Groupes cibles

Mobilisation de la communauté

Sensibiliser, favoriser l’autonomisation de la communauté, renforcer la capacité de la communauté à faire face au problème

Grand public, groupes de personnes spécifiques

CMC/IEC

Sensibiliser, changer les comportements

Grand public, groupes de personnes spécifiques

Plaidoyer

Sensibiliser, faire évoluer le contexte social via la prise de décisions et l’élaboration de politiques

Groupes spécifiques de personnes influentes

Source : Ward, J. 2010. Guide de coordination des interventions en matière de violence basée sur le genre dans les situations de crise humanitaire, Domaine de responsabilité VBG, p 59.

  • Le plaidoyer se définit comme « l’utilisation délibérée et stratégique d’informations, par des individus ou groupes d’individus, pour induire des changements. Les actions de plaidoyer consistent à mettre en application des stratégies pour influencer les décideurs et les politiques à faire évoluer les comportements, les rapports de pouvoir, les relations sociales et le fonctionnement des institutions en vue d’améliorer la situation des groupes d’individus partageant des problèmes similaires » (CIS, p. 93).
  • Selon le contexte, les stratégies de plaidoyer peuvent être dirigées vers un ou plusieurs des trois niveaux d’interventions suivants (extrait de CIS, pp. 94 et 95) :
    • Niveau local : à ce niveau, le plaidoyer vise à répondre directement aux besoins des communautés touchées et à leur apporter l’appui nécessaire, et implique de travailler en étroite collaboration avec les décideurs locaux. Selon le contexte, les décideurs locaux peuvent être les prestataires de services, les responsables des camps de réfugiés ou de personnes déplacées, les dirigeants communautaires, les autres acteurs de l’aide humanitaire, les organismes de coordination, les responsables gouvernementaux locaux, les responsables des services de sécurité et les organisations de la société civile.
    • Niveau du district/national : à ce niveau, le plaidoyer vise à modifier les systèmes existants de soutien aux femmes et aux filles dans les situations d’urgence. Les groupes cibles peuvent inclure les responsables gouvernementaux au niveau d’un district ou d’un pays, les organismes de coordination au niveau national, les donateurs du pays et les agences nationales des instances humanitaires.
    • Niveau international : à ce niveau, le plaidoyer vise à mobiliser les ressources, à renforcer la prise de conscience d’une urgence et à induire les changements structurels nécessaires pour renforcer le soutien aux femmes et aux filles. Les décideurs à ce niveau peuvent inclure le personnel des Nations Unies à New York ou Genève, les agences gouvernementales d’aide internationale, les organismes de coordination régionaux et autres coalitions internationales, alliances et ONG.

Exemples de plaidoyer :

Source : CIS, 2011. GBV Emergency Response and Preparedness Participant Handbook, p. 95.

 

En règle générale, le plaidoyer implique les étapes suivantes, appuyées par des actions continues de collecte des données, et de suivi et d’évaluation :

Collecte des données

ÉTAPE 1 : les partenaires de la coordination commencent par la QUESTION autour de laquelle ils souhaitent un changement politique. Cette question est centrée, claire et considérée comme importante par les partenaires.

ÉTAPE 2 : les partenaires formulent un BUT de plaidoyer (à moyen ou long terme avec possibilité de changement) et des OBJECTIFS (à court terme, spécifiques et mesurables) en fonction de la question de plaidoyer.

Suivi et évaluation

Collecte des données

ÉTAPE 3 : les partenaires identifient le PUBLIC de la politique : les décideurs capables de provoquer un changement politique.

ÉTAPE 4 : certains partenaires de la coordination experts en plaidoyer (travaillant peut-être avec un sous-groupe de coordination) élaborent un MESSAGE de plaidoyer convaincant et l’adaptent aux intérêts du public visé.

ÉTAPE 5 : les partenaires identifient les CANAUX DE COMMUNICATION appropriés pour transmettre le message au public visé. Cela peut prendre la forme d’une conférence de presse, d’un dossier de synthèse, d’un débat public, d’une conférence pour les décideurs, etc.

ÉTAPE 6 : les partenaires de la coordination cherchent à élargir la base de SOUTIEN des membres de la société civile et des autres alliés.

ÉTAPE 7 : les partenaires LÈVENT DES FONDS et mobilisent d’autres ressources pour la campagne de plaidoyer.

ÉTAPE 8 : le mécanisme de coordination MET EN ŒUVRE sa stratégie de plaidoyer conformément à un plan d’action.

Suivi et évaluation

Source : Ward, J. 2010. Guide de coordination des interventions en matière de violence basée sur le genre dans les situations de crise humanitaire, Domaine de responsabilité VBG, pp. 60-61.

  • Dans les situations de conflits et d’après conflit, les gouvernements peuvent éprouver des réticences à reconnaître la violence envers les femmes ou estimer qu’en raison du conflit en cours, il serait dangereux de révéler au grand jour la violence envers les femmes. Dans de telles situations, les questions de sécurité doivent être prises en compte lors de l’élaboration des stratégies de plaidoyer. Les paragraphes suivants présentent diverses approches de plaidoyer alternatives ou « déguisées ». Même dans le cas d’approches déguisées, il importe de tenir compte du fait que certaines informations, même anonymes, peuvent permettre d’identifier des organisations (par exemple, s’il y a peu d’agences offrant des services en matière de violence basée sur le genre dans la zone concernée) ou des individus et, par conséquent, les mettre en danger. Le plaidoyer appuyé par un mécanisme de coordination se révèle utile lorsqu’existent des préoccupations de sécurité, car un travail en groupe peut contribuer à réduire les risques. Voici quelques suggestions :
  • Développer des partenariats stratégiques avec des individus/organisations de plaidoyer dignes de confiance pour transmettre en toute confidentialité (c’est-à-dire sans mention du nom de l’organisation/individu et sans possibilité de remonter jusqu’à la source d’informations) les informations sensibles sur le plan national vers la scène internationale. Les informations et le retour d’expérience des agences offrant des services sur le terrain sont très précieux pour les organisations militantes. Les organisations (telles que les organisations internationales de défense des droits de l’homme) et les individus (tels que les rapporteurs spéciaux) qui mènent un plaidoyer sont mieux à même de parler publiquement des questions sensibles, car ils ne disposent pas d’une composante « services » sur le terrain.
  • Examiner les informations existantes qui ont été publiées par des organisations crédibles.
  • Fournir de manière confidentielle aux journalistes des informations exactes sur la violence basée sur le genre lors d’une situation d’urgence. Idéalement, le mécanisme de coordination VBG formule des recommandations à l’attention des partenaires VBG sur la manière de collaborer avec les journalistes.
  • Faire de l’information des organisations internationales donatrices une priorité continue pour le mécanisme de coordination VBG. Formuler des recommandations sur la manière et le lieu où les fonds des donateurs pourront être affectés de la manière la plus efficace à l’amélioration de la réponse d’urgence. En outre, les agences donatrices ont une grande influence aux plus hauts niveaux décisionnels sur le plan international.
  • Collaborer avec le Coordonnateur de l’action humanitaire/Coordonnateur résident pour s’assurer qu’il est au fait des questions stratégiques et politiques pour lesquelles les Nations Unies peuvent faciliter le plaidoyer et, le cas échéant, diriger l’équipe de pays des Nations Unies au niveau de l’action conjointe de plaidoyer. Collaborer avec le chef de file du groupe national de la protection et le groupe mondial de la protection pour donner plus d’ampleur aux messages.
  • Dans le cadre d’un plaidoyer préventif, les communautés peuvent être mobilisées pour :
    • renforcer l’appui aux réformes législatives visant à combattre la violence envers les femmes et les filles et à protéger les droits des femmes ;
    • renforcer la pression publique en faveur de l’égalité des sexes ;
    • sensibiliser davantage la population et plus particulièrement les principales parties prenantes de la communauté aux droits légaux des femmes  ;
    • soutenir publiquement les droits civils des femmes, tels que le droit à la propriété, le droit foncier et les droits en matière de mariage qui constituent des facteurs de protection contre la violence ;
    • cibler les interventions des services policiers, sociaux et de santé, des écoles et des autres institutions, pour répondre à la violence envers les femmes et les filles, et appuyer la collaboration entre ces institutions ;
    • cibler les députés ou d’autres représentants gouvernementaux et militer en faveur de leur engagement pour une politique publique sur la prévention de la violence envers les femmes et les filles (Miedema, 2011).

 

Exemple : au Timor-Leste, le mécanisme multisectoriel de coordination (« Rede-Referral ») œuvre sous le couvert de la Constitution nationale et de la loi contre la violence domestique. Le « Rede-Referral » se compose de 2 groupes de travail : le groupe de travail Prestataires de services, sous la houlette du ministère de la Solidarité sociale et qui bénéficie de l’appui du FNUAP ; et le groupe de travail Stratégies et plaidoyer, sous la houlette du Secrétaire d’État à la Promotion de l’égalité (SEPI). Les membres incluent des ONG nationales, des organismes des Nations Unies et des coordonnateurs issus des ministères de la Santé, de l’Éducation, de la Justice, du Secrétaire d’État à la Sécurité civile (PNTL/VPU) et du Bureau du Procureur général. Le groupe de travail Stratégies et plaidoyer a conclu que des entretiens individuels contribuent à engager d’autres secteurs et ministères dans le processus de coordination VBG et encourage ces derniers à fournir toutes informations utiles en leur possession concernant les questions de VBG. Les entretiens individuels, lorsqu’ils sont précurseurs d’une réunion du groupe de travail, contribuent à obtenir l’appui d’autres ministères et attirent l’attention sur l’importance de la question. Au Timor-Leste, où recevoir des instructions et des directives est un facteur de motivation et contribue à faire avancer les choses, organiser des rencontres entre d’autres ministères et le coordonnateur de compétence supérieure, comme le Secrétaire d’État du ministère de la Solidarité sociale, encourage également ces ministères à inscrire la violence basée sur le genre à leur ordre du jour. Les questions sont étudiées avec soin et classées par ordre de priorité lorsqu’il existe un accord interministériel ou des documents décrivant les directives émises par l’autorité supérieure. Cette composante essentielle de l’opérationnalisation des interventions et de la coordination est ensuite mise en œuvre lors des activités du groupe de travail Stratégies et plaidoyer.

 

Pour de plus amples informations, voir la section Plaidoyer dans le module Campagnes.

Voir des informations complémentaires sur la collaboration avec les médias en matière de violence contre les femmes dans les situations d’urgence : media guidelines et handbook for journalists.

Pour des exemples de notes de plaidoyer émises par le Domaine de responsabilité VBG dans les situations d’urgence, voir les notes sur la Syrie, les Philippines et la République centrafricaine.

Pour de plus amples informations sur les méthodes de plaidoyer, la collaboration avec les médias, le lancement d’un appel de fonds pour lutter contre la violence basée sur le genre, l’élaboration de matériel IEC et la réalisation d’autres tâches en lien avec le plaidoyer, voir la section 3 du Guide de coordination VBG.