Développer les capacités de lutte contre la violence à l’égard des femmes

Dernière modification: October 31, 2010

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Le renforcement des capacités est le processus par lequel les particuliers, les organisations et les sociétés acquièrent, accroissent et entretiennent les aptitudes requises pour se fixer leurs propres objectifs de développement et pour les atteindre à terme (PNUD, 2009). Ce processus est essentiel pour apporter une contribution durable à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Bien que souvent confondu avec la seule formation, le renforcement des capacités fait intervenir des composantes et des considérations considérablement plus larges, telles que :

  • L’adoption d’une vision et d’un cadre opérationnel communs (lois, politiques, protocoles);
  • L’établissement d’une masse critique de ressources humaines (par un recrutement ciblé de personnel possédant l’expérience et les aptitudes requises, la formation et autres appuis);
  • La mise en place de l’infrastructure appropriée, telle que l’équipement et les fournitures utiles pour faciliter la mise en œuvre;
  • L’établissement de partenariats ou leur expansion, afin de maximiser les ressources et l’efficacité des interventions en rassemblant les forces et les avoirs de différentes parties prenantes;
  • L’amélioration de la base de connaissances et l’apprentissage en continu par le biais d’un suivi et évaluation des interventions;
  • L’accroissement des ressources techniques et financières.

 

Éléments clés:
  • Conduite d’évaluations des besoins au niveau communautaire et parmi les diverses parties prenantes, notamment dans les domaines des connaissances, attitudes, comportements et pratiques ayant trait à la violence à l’égard des femmes et à l’égalité des sexes en général; cartographie des réponses existantes à la violence à l’égard des femmes (services, ressources, organisations); connaissances pratiques, protocoles, politiques et infrastructure relatifs aux secteurs clés et domaines d’expertise spécifiques requis pour apporter une réponse appropriée; données disponibles sur la prévalence et l’incidence des formes spécifiques de la violence que l’on vise, et évaluation du recueil des données de service et des systèmes de suivi et évaluation; et autres intrants nécessaires pour appliquer les lois et les politiques, de manière à déterminer les points forts et les lacunes.
  • Élaboration de plans de renforcement des capacités adaptés spécifiquement aux diverses parties prenantes compte tenu de leur rôle et des bénéficiaires ciblés par la politique ou le programme. Par exemple, débiteurs des obligations (personnes et entités directement responsables de l’application de la loi); enseignants et personnel des établissements scolaires; employeurs et secteur privé; hommes; adolescents; personnel des médias et journalistes; ou titulaires des droits (femmes et filles).
  • Évaluation des forces et faiblesses institutionnelles en rapport avec les arrangements de coopération multisectorielle et les systèmes d’aiguillage pour l’application des politiques et des protocoles afin de déterminer les appuis nécessaires.
  • Application d’approches sectorielles, telles que les initiatives portant sur un aspect du renforcement des capacités, telle que la formation des prestataires de services, soient conçues et mises en œuvre compte tenu des besoins et approches définis pour l’ensemble du secteur, tels que l’amélioration de la mise en œuvre des politiques et des protocoles.
  • Échanges directs entre les parties prenantes et les praticiens, des entités gouvernementales et non gouvernementales, du niveau local et national, Sud-Sud et Nord-Sud, pour partager les expériences, les pratiques prometteuses, les bonnes pratiques, les leçons à retenir, les outils et les autres ressources.
  • Appui pour la constitution d’une masse critique de femmes occupant des postes de décision au sein des instances gouvernementales et renforcement des institutions ou entités axées sur les questions féminines (à savoir les mécanismes de promotion de la femme) et qui sont chargées de combattre la violence à l’égard des femmes, qui sont souvent sous-dotées en ressources et qui ne bénéficient pas des possibilités de formation et de perfectionnement professionnel dont disposent les autres institutions.

 

Les domaines en rapport avec la lutte contre la violence à l’égard des femmes communément identifiés comme devant être renforcés comprennent :
  • Les systèmes de recueil et d’analyse des données;
  • Les règlements et protocoles sectoriels et intersectoriels;
  • Les interventions de première ligne par le biais de systèmes de prestations de services coordonnés (santé, sécurité et justice), d’abris et d’espaces sûrs;
  • Les connaissances des personnels de tous les secteurs sur les droits de la personne des femmes et la violence sexiste;
  • L’information du public et l’alphabétisation juridique pour autonomiser les filles et les femmes;
  • Les centres spécialisés pour femmes;
  • Les modèles à base communautaire;
  • L’établissement de budgets et d’approches sensibles aux sexospécificités;
  • Le suivi et évaluation;
  • L’adaptation et l’amplification des stratégies efficaces et prometteuses sur la base des données factuelles disponibles fournies par les pratiques et modèles prometteurs.

 

Leçons à retenir:
  • Les efforts visant à instaurer des changements structurels et de politique ne peuvent pas être efficaces si l’on ne définit pas les rôles et les responsabilités des particuliers et des institutions investis d’un mandat d’intervention officiel, si l’on n’alloue pas de fonds suffisants et si l’on ne met pas en place des mécanismes de suivi systématique. L’obtention de l’appui des dirigeants est essentielle pour favoriser l’appropriation des initiatives et la poursuite des efforts de changement.
  • Les encouragements accordés aux personnels sont importants pour les motiver. Ils peuvent comprendre des améliorations du cadre de travail, des conditions de travail et du travail lui-même, et l’aménagement des horaires pour réserver du temps au partage des connaissances et à l’apprentissage pendant la journée de travail.
  • Les interventions sont souvent axées sur l’offre de services davantage que sur la demande. Il faut adopter une approche globale du renforcement des capacités où le renforcement porte à la fois sur l’offre (à savoir l’information et les services) et sur la demande (autonomisation des femmes, connaissance des droits accordés par la loi et accès aux services) afin de maximiser l’impact des efforts de prévention et des interventions de lutte contre violence.
  • Les investissements dans le renforcement des capacités se sont concentrés principalement sur la formation sans que celle-ci soit accompagnées des autres interventions nécessaires et complémentaires (renforcement des systèmes d’aiguillage multisectoriels, de l’infrastructure et des systèmes, du recueil des données, du suivi en continu des améliorations et des partenariats et de la collaboration avec les groupes de femmes et les organisations de la société civile, et autres éléments clés).
  • Dans la conception et l’élaboration de cursus et de processus de formation, on néglige souvent les connaissances spécialisées en psychopédagogie et en apprentissage des adultes. Il est également fréquent que les formations soient dispensées par des spécialistes techniques et pas par des facilitateurs formés. Le succès des formations exige avant toute chose l’application d’une méthodologie cohérente et logique et l’intervention de formateurs spécialisés.
  • Les connaissances théoriques et pratiques nécessaires varient selon les personnes, selon leurs fonctions et leur niveau de spécialisation, et selon les stades de la mise en œuvre des programmes. Les plans de renforcement des capacités doivent en tenir compte et veiller à ce que les personnes voulues reçoivent les apports voulus par rapport à leur rôle et au point où ils se situent dans la mise en œuvre du programme.
  • La lenteur du renforcement durable des capacités est souvent en contradiction avec les pressions résultant de la nécessité de faire état rapidement de l’obtention de progrès tant auprès des bénéficiaires que des bailleurs de fonds. Toutefois, l’expérience a démontré la valeur des investissements dans les institutions, les personnels et les processus qui peuvent aboutir à un changement social durable (PNUD, 2009).

Ressources:

Capacity.org: A Gateway for Capacity Development. (European Centre for Development Policy Management, SNV Netherlands Development Organisation et Programme des Nations Unies pour le développement). Disponible en anglais, français et espagnol.

Capacity Development Website (Programme des Nations Unies pour le développement). Disponible en anglais.

Capacity Development Resource Center (Banque mondiale). Disponible en anglais.

Capacity Building for Gender, Diversity and Equality (International NGO Training and Research Centre).  Disponible en anglais, français, portugais, russe et espagnol.

Capacity Building Approaches (Impact Alliance).  Disponible en anglais, avec certaines ressources en français et en espagnol.