Prodéder à la recherche, à la collecte de données et aux évaluations

Dernière modification: October 31, 2010

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La recherche, la collecte et l’analyse des données sont déterminante pour l’efficacité des campagnes de mobilisation et de collecte de fonds, et pour le développement de programmes, la mise en place de stratégies de lutte contre la violence à l’égard des femmes et les opérations de surveillance des activités prévues à cette fin.

Il convient de collecter des données sur de nombreux facteurs importants comme : la nature et l’ampleur (prévalence et incidence) de la violence à l’égard des femmes; les conséquences et les coûts liés à la violence; la manière de solliciter de l’aide des survivantes de la violence; les réaction des différents secteurs face aux survivantes et aux auteurs de violence; l’acquis, les attitudes et les pratiques de divers groupes (employés,  prestataires de services, hommes, femmes, adolescents et personnes chargées d’appliquer la loi ou ciblées par un programme), parmi bien d’autres selon les besoins politiques ou programmatiques. Il est également possible de ventiler les données afin d’obtenir des informations détaillées par âge, lieu de résidence (urbain contre rural) et autres éléments (comme l’origine ethnique et/ou la race ou le niveau socioéconomique).

L’approche utilisée normalement pour la collecte et l’analyse de données pourra inclure la constitution de partenariats entre les pouvoir publics, les organisations internationales, les représentants de la société civile et les établissements universitaires et de recherche au niveau national comme au niveau sous-national.

Les méthodes normales de recherche et de collecte de données relatives à la violence à l’égard des femmes sont comme suit :

La recherche qualitative qui peut comporter des évaluations rapides ou des études approfondies sur certains groupes ou personnes ciblés de la population fournit des renseignements plus détaillés sur un plus petit nombre de personnes. La recherche qualitative ne collecte pas des informations sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes, mais fournit des renseignements relatifs aux antécédents des femmes en matière de violence, permettant de mieux saisir le contexte de violence et de désigner les  actions les plus appropriées pour combattre la violence et les carences des services dans ce domaine. Les approches de recherche qualitative ont des incidences sur l’élaboration des stratégies et des programmes contre la violence à l’égard des femmes et peuvent être utilisées dans la surveillance et l’évaluation des activités. Elles peuvent également influer sur la mise au point des activités de recherche, telle une enquête plus centrée sur la question de la violence à l’égard des femmes. (Ellsberg et Heise, 2005).

La recherche quantitative qui comprend des enquêtes ou des études sur une population ou un segment démographique donné fournit souvent des informations moins détaillées sur un grand nombre de personnes et s’exprime en chiffres et pourcentages.

Par exemple, les enquêtes démographiques recueillent des données à partir d’un échantillon représentatif de la population (national ou sous-national) de manière à pouvoir adapter les résultats obtenus à l’ensemble de la population. Les enquêtes démographiques comportent des enquêtes centrées sur la violence à l’égard des femmes ou des enquêtes portant sur des questions plus générales (santé, crime, recensement) qui intègrent des modules ou des questions relatives à la violence à l’égard des femmes. Les enquêtes spécialisées ont de meilleures chances de représenter le niveau réel de prévalence et de détailler le contexte dans lequel s’exprime la violence, mais exige des ressources plus importantes (financières et techniques) et une formation par rapport aux modules intégrés dans des enquêtes plus générales.

Principaux avantages des enquêtes démographiques:

  • Les données collectées soulignent la prévalence des antécédents des femmes en matière de violence pour l’ensemble de la population.
  • Les résultats obtenus contribuent aux efforts de mobilisation pour la mise en place de politiques et de programmes de prévention et d’action contre la violence.
  • Les données obtenues attirent l’attention sur  les formes et autres facteurs liés aux antécédents de la femme en matière de violence, y compris le savoir, les attitudes et les pratiques des femmes et des hommes.

Principaux inconvénients des enquêtes démographiques :

  • Difficulté à utiliser cette méthodologie correctement, de manière que les données obtenues soient valables et de bonne qualité.
  • Absence de méthodologie uniforme au niveau international qui rend difficiles les comparaisons entre pays et enquêtes.
  • L’exercice présente des problèmes éthiques et sécuritaires pour les femmes, les exposant au risque croissant de violence ou d’adversité (traumatisme, marginalisation) s’ils ne sont pas traités lors de la conception et de la mise en application de l’enquête.
  • Les renseignements recueillis risquent de ne pas révéler les causes sous-jacentes de la violence ou autres détails sur les antécédents des femmes en matière de violence.

Il convient de coordonner les données de prestations de services recueillis des différents secteurs et prestataires de services entre des organismes et institutions variés, et d’utiliser de préférence un format uniformisé pour l’archivage et la comptabilisation des données relatives à la violence à l’égard des femmes de manière à pouvoir les centraliser à partir du niveau local au niveau régional et national. De telles données peuvent être obtenues des services et organismes suivants :

  • Postes de police et autres services pertinents de personnel en uniforme (militaires par exemple);
  • Tribunaux (à partir des poursuites judiciaires, des demandes d’ordonnances de protection, des affaires civiles);
  • Établissements hospitaliers et centres de soins  (dépistage de la violence, taux de mortalité et de morbidité);
  • Organismes de sécurité sociale;
  • Organismes d’assistance sociale;
  • Établissements scolaires (écoles, collèges et universités);
  • Abris et emplacements protégés
  • Numéros d’urgence (Conseil de l’Europe, 2000)

Principaux avantages des données sur les prestations de services :

  • Surveille la demande de services (nombre de femmes utilisatrices de services sur une période donnée,  type de service utilisé)
  • Surveille la capacité des différents secteurs à satisfaire les besoins des survivantes de la violence (par exemple le nombre d’enquêtes policières présentées devant les tribunaux);
  • Surveille le niveau de services disponibles dans une collectivité (nombre et portée des services fournis).

Principaux inconvénients des données sur la prestation des services:

  • Les donnés comptabilisent et recensent seulement les antécédents des femmes qui signalent les cas de violence ou sollicitent une assistance lorsqu’elles en sont victimes, ce qui ne représente qu’une fraction du nombre de survivantes de la violence;
  • Les données ne peuvent pas être généralisées et ne représentent pas toutes les survivantes de la violence au sein de la population;
  • Difficulté à interpréter les conclusions des enquêtes en raison de la variété de méthodologies, de formats de comptabilisation utilisés par les prestataires de service.

(Ellsberg et Heise, 2005; Assemblée générale de l’ONU, 2006; Garcia-Moreno, C., 2009)

Pour des renseignements supplémentaires, veuillez consulter la synthèse sur Challenges in Measuring Violence against Women. (Garcia-Moreno and Jansen, 2009)

Les situations de conflit et d’après-conflit posent une autre série de problèmes (instabilité, déplacements massifs de population et piètre état des infrastructures) à la collecte de données, même si des enquêtes démographiques sur la prévalence de la violence ont été menées en Colombie, à Timor Est, au Kosovo et au Rwanda  à l’aide d’un instrument d’enquête uniformisé (Ward, 2005). Des enquêtes ont été menées dans d’autres pays également, même si elles ont souvent utilisé des échantillons non représentatifs et s’appuyent  sur des données fournies par les prestataires de services. Dans ces conditions les méthodologies de surveillance qui s’inspirent des études de cas existants peuvent également fournir des données utiles, même si elles devront être simplifiées et systématisées.

Désireux d’aplanir les difficultés qui entravent la disponibilité des données sur cette question dans les situations humanitaires, le Comité international de secours, le HCR et le FNUAP se sont réunis en 2007 pour créer   un système intégré de collecte et d’analyse de données, le Gender-Based Violence Information Management System.   Aujourd'hui, le GBVIMS est une initiative inter-agence dirigée par un Comité directeur composé de représentants du HCR, le FNUAP, l'IRC, l'UNICEF et l'OMS. Visitez GBVIMS.

Pour des renseignements supplémentaires, des outils et des études de cas sur la recherche en matière de violence à l’égard des femmes, veuillez consulter le Module de surveillance et d’évaluation.

Ressources:

Putting Women First: Ethical and Safety Recommendations for Research on Domestic Violence against Women (WHO, 2001). Disponible en English, French and Spanish.

Ethical and Safety Recommendations for Interviewing Trafficked Women (WHO, 2003). Disponible en Armenian, Bosnian, Croatian, English, Japanese, Romanian, Russian, Serbian and Spanish.

Guide to Ethics and Human Rights in Counter-trafficking Ethical Standards for Counter-Trafficking Research and Programming (United Nations Inter-Agency Project on Human Trafficking, 2008). Disponible en English.

Researching Violence against Women: A Practical Guide for Researchers and Activists Chapter 2: Ethical Considerations for Researching Violence Against Women (Path 2005). Disponible en English et Spanish.

WHO Ethical and Safety Recommendations for Researching, Documenting and Monitoring Sexual Violence in Emergencies (WHO, 2007).Disponible en  English etFrench.

Swimming against the tide : lessons learned from field research on violence against women in the Solomon Islands and Kiribati (Henrica A.F.M. Jansen, UNFPA, 2010). Disponible en English.

The Multi-Country Study on Women’s Health and Domestic Violence (WHO, 2005). Disponible en English.

The Demographic and Health Surveys (MACRO International and the US Agency for International Development). Disponible en English.

The International Violence against Women Survey (European Institute for Crime Prevention and Control and the UN Interregional Crime and Justice Research Institute, 2008). Disponible en English (page 227).

The International Men and Gender Equality Survey (International Center for Research on Women and Promundo, 2008) Disponible en Anglais (pour hommes et femmes) et Portugues (pour hommes et femmes).

The Violence against Children Survey (Centres for Disease Control and Prevention, 2007). Par exemple le Swaziland cest disponible en anglais (Annexe C).