Pourquoi travailler avec le secteur de la sécurité ?

Dernière modification: December 29, 2011

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Les options
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  • Les membres de la police, et dans certains contextes le personnel militaire, peuvent être les premiers intervenants officiels en cas d’incidents de violence due à un partenaire intime, d’agression sexuelle, de traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, entre autres formes de violence dont les femmes font l’objet. Bien que le personnel de sécurité n’ait, dans de nombreux contextes, qu’une influence limitée hors des villes et agglomérations principales, il est fréquemment fait rapport à la police (et dans les zones affectées par les conflits ou en phase de post-conflit aux forces armées) de cas de violence à l’égard des femmes. Si les membres de la famille, les organisations de la société civile et les dirigeants traditionnels et locaux fournissent souvent des appuis initiaux aux survivantes de la violence, la police constitue dans de nombreux cas le  premier point de contact de celles-ci avec l’État (Population Council, 2010; ICCLR/ONUDC, 1999) et il est essentiel qu’elle possède les capacités institutionnelles et humaines requise pour répondre de manière appropriée et sensible aux besoins de celles-là. Ceci encourage les survivantes à déclarer les incidents et permet de leur fournir des services et des références appropriés en les orientant vers des soins médicaux, une aide psychosociale, des foyers d’hébergement et des appuis économiques et autres.
  • La police et les forces armées ont la responsabilité juridique de protéger les droits des femmes et des filles. De multiples lois et instruments internationaux et régionaux garantissent le droit des femmes et des filles de vivre à l’abri de la violence et de la menace de violence et prévoient des obligations spécifiques (diligence requise) pour le personnel de la police et des forces armées auquel il incombe d’assurer le respect de ce droit (voir aussi le module Législation concernant les devoirs spécifiques des personnels de la police dans les domaines suivants : violence domestique, agression sexuelle, mariage forcé, mutilation génitale féminine, crimes d’honneur, maltraitance des veuves et violence liée à la dot).
  • La police (et dans certaines situations les forces armées) peuvent jouer un rôle de leader dans la prévention de la violence à l’égard des femmes. Elles peuvent le faire par toute une gamme d’actions : travail avec les groupes et dirigeants communautaires pour repérer les menaces spécifiques qui pèsent sur la sécurité des femmes et prévoir des stratégies de prévention; stratégies spécifiques de déploiement pour mettre un terme aux actes de violence ou y parer; activités de proximité et de sensibilisation; et diffusion d’informations sur les mesures qu’elles entendent appliquer pour s’attaquer au problème, ce qui peut faire comprendre à la population que certains comportements ne sont pas acceptables. La volonté de la police de traiter le problème de la violence peut favoriser la création de partenariats avec les instances gouvernementales et les fournisseurs de services, ce qui est essentiel pour la mise en œuvre de ripostes multisectorielles et pour la fourniture d’un appui holistique aux survivantes.
  • La police joue un rôle crucial dans le processus d’accès des survivantes à la justice. Il est indispensable qu’elle soit formée et équipée pour réagir promptement et de manière appropriée, enquêter sur les incidents de violence déclarés, appréhender les auteurs des faits et recueillir les éléments de preuve nécessaires en vue des poursuites juridiques. La police doit également œuvrer de manière efficace avec les autres fournisseurs de services clés, en particulier le pouvoir judiciaire, en tant que composante d’un réseau de référence pour les survivantes.
  • La perception qu’a le public du personnel de sécurité (de la police le plus souvent) et sa confiance dans ce personnel peuvent être influencées par les réactions de la police face à la violence à l’égard des femmes. Des réactions des services de sécurité dépendent également les décisions des femmes, de leur famille et de leur communauté de recourir à ces services et de collaborer avec ceux-ci, ou de s’adresser à d’autres acteurs pour obtenir une protection et un accès à la justice (tels que le vigilantisme et les autorités coutumières). Dans les contextes où le personnel de police (et autre personnel en uniforme) est très visible dans les communautés, il peut agir en tant qu’agent de changement en donnant l’exemple de comportements qui remettent en question les idées reçus sur la violence et qui encouragent l’adoption d’attitudes et de pratiques sexospécifiques plus égalitaires.
  • Des membres de la police et d’autres forces en uniforme commettent parfois des actes de violence à l’égard des femmes et des filles. Ceci viole leur mandat et peut porter atteinte à la confiance du public dans les institutions de sécurité, ce qui réduit l’efficacité du secteur dans son ensemble. Il est essentiel de veiller à ce que le personnel de sécurité soit tenu responsable de toute atteinte aux droits des femmes et d’appréhender les causes et les conséquences de cette violence pour mettre fin à l’impunité dans le secteur ainsi que dans toute la société.
    L’intégration des questions relatives à la violence à l’égard des femmes (et des sexospécificités plus généralement) est une composante centrale d’un processus de réforme du secteur de la sécurité complet, efficace et durable. L’application d’approches ciblées et sectorielles en la matière peut se traduire par des institutions de sécurité plus représentatives, non discriminatoires, respectant les droits fondamentaux des hommes et des femmes et jouissant de la confiance de la population et en particulier des survivantes de la violence (OCDE/CAD, 2009).