Données quantitatives

Dernière modification: July 18, 2013

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Les données quantitatives (ou numériques) fournissent des données comparables sur « qui » et  «combien ».
Les méthodes quantitatives sont parfaites pour effectuer des comparaisons entre interventions analogues, entre différentes régions ou entre la situation pré-intervention et post-intervention. Elles forment également la base de l’analyse statistique.

Méthodes de recueil des données quantitatives (Nations Unies, 2006) :

  • Enquêtes : Les enquêtes auprès de la population ou des ménages qui interrogent les femmes sur leur expérience de la violence sont considérées comme la méthode la plus fiable pour obtenir des informations sur la violence à l’égard des femmes au sein d’une population générale. Les enquêtes auprès d’une population emploient des échantillons randomisés et leurs résultats sont donc représentatifs de l’ensemble de la population. Étant donné qu’elles rendent compte de l’expérience des femmes, que celles-ci aient ou non déclaré aux autorités la survenue des actes de violence, ces enquêtes donnent généralement une image plus fidèle de la réalité que les registres administratifs.  Ceci les rend utiles pour mesurer l’ampleur de la violence à l’égard des femmes, suivre les tendances au fil du temps, sensibiliser et élaborer des politiques. Lorsque des études menées dans différents pays emploient des méthodes analogues pour mesurer la violence, on peut également comparer les risques de violence auxquels les femmes sont exposées et appréhender les ressemblances et les différences présentes au sein des différents contextes.
  • Registres/dossiers des prestataires de services (santé, justice, services sociaux) : Les informations recueillies couramment par les organismes qui entrent en contact avec les femmes qui ont subi des actes de violence sont dites « données de services ». Elles comprennent les dossiers des centres de santé, des postes de police, des tribunaux, des services publics et autres services d’appui aux survivantes d’actes de violence. Les données de services peuvent être utilisées pour suivre le nombre de femmes recherchant de l’aide auprès de divers organismes et pour déterminer combien de femmes au sein de groupes de population donnés ont sollicité des appuis suite à des actes de violence. Cela peut faciliter les estimations des besoins de tels services et de leur coût. Cela permet aussi de quantifier le besoin de formation parmi les prestataires de services et aider à évaluer les réactions des organismes auxquels les femmes s’adressent pour trouver de l’aide.
  • Données démographiques Les données démographiques portent sur les caractéristiques de la population communément utilisées par les instances gouvernementales aux fins de l’élaboration des politiques et de la planification; elles comprennent, entre autres, le sexe, l’âge, le revenu, les handicaps, la mobilité, l’état matrimonial, le nombre d’enfants, le niveau d’éducation, accession à la propriété, situation d’emploi et lieu de résidence (urbain/rural). On peut également recueillir des informations sur la race ou l’ethnicité et la religion, mais ces caractéristiques identitaires sont souvent sujettes à controverse pour des raisons politiques et sociales. Ce type de données désagrégées et les enquêtes sur la violence à l’égard des femmes peuvent être utiles pour mieux comprendre quelles sont les femmes et les filles qui sont exposées aux plus grands risques de violence et qui subissent le plus des actes de violence, et quels sont les hommes qui risquent le plus de devenir auteurs d’actes de violence ou qui le sont. (Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, 2005)


La source la plus complète de données démographiques, dans la plupart des pays est le recensement de la population et du logement. Le recensement de la  population est le processus global du recueil, de la compilation, de l’évaluation, de l’analyse et de la publication ou de la diffusion par d’autres moyens des données démographiques, économiques et sociales concernant, à un moment donné, tous les habitants d’un pays ou d’une région clairement délimitée d’un pays. On recueille par un tel recensement des données sur les caractéristiques démographiques et sociales de base de la population, telles que l’âge, le sexe, l’état matrimonial, le lieu de naissance et le lieu de résidence habituel. On peut également y inclure des données sur l’alphabétisation, la fréquentation scolaire, le niveau d’instruction, l’activité économique, l’emploi et le nombre d’enfants. C’est donc une riche source de données utiles pour examiner les différences entre les femmes et les hommes et pour étudier divers sous-groupes de population tels que les femmes et les hommes âgés et les habitants de régions rurales.  Le recensement de population donne également les éléments de base d’un cadre d’échantillonnage, selon lequel on peut, après avoir mené des enquêtes à une échelle réduite, en extrapoler les résultats à l’ensemble de la population.

L’Enquête démographique et sanitaire (et le module sur violence domestique joint en appendice) est un exemple de cette méthode.

La Banque mondiale a également fait usage de données démographiques en conjonction avec son Étude de la mesure des niveaux de vie, fournissant ainsi des données sur la prévalence de la violence domestique et de la coupure/mutilation génitale féminine selon les quintiles de richesse et la résidence en milieu urbain/rural. Voir Socio-economic Differences in Health, Nutrition, and Population within Developing Countries: An Overview. [Différences socioéconomiques en matière de santé, de nutrition et de population dans les pays en développement : Résumé]

Les registres/dossiers administratifs sont une autre source importante d’information, utile pour étudier les différences entres les femmes et les hommes dans une large gamme de domaines. Les organismes administratifs produisent périodiquement des statistiques sur l’emploi et le chômage, l’éducation, la santé, la justice pénale et l’état civil ainsi que d’autres données. L’un des systèmes de registres officiels les plus largement utilisés est celui de l’état civil. Bien que son but principal soit de répondre aux exigences juridiques et civiles de l’État, c’est une source importante de données désagrégées par sexe sur les naissances, les décès et les mariages. Lorsqu’ils fonctionnent bien, les systèmes d’enregistrement de l’état civil produisent des rapports périodiques sur les statistiques démographiques, par exemple sur le nombre de naissances vivantes par sexe, le nombre de décès par sexe et par âge, le nombre de décès par cause, les mariages par caractéristiques de chaque conjoint, et beaucoup d’autres.

Pour de nombreux pays, le renforcement des capacités à produire des statistiques démographiques de base de manière régulière et opportune (périodicité quinquennale ou décennale) continue de poser problème. L’obtention de telles statistiques exigerait au minimum la réalisation d’un recensement de la population et du logement et la mise en place et le maintien d’un système d’enregistrement des faits d’état civil fonctionnant bien.  Ces deux conditions exigent des ressources significatives, un corps de fonctionnaires possédant des connaissances techniques et une volonté soutenue au plus haut niveau du gouvernement.

  • Tests de pré-intervention/post-intervention

(Adapté d’après Andrew A. Fisher and James R. Foreit. 2002. Designing HIV/AIDS Intervention Studies: An Operations Research Handbook. Population Council.)
Les véritables expériences se distinguent des autres études du fait que tous les participants d’un groupe de population sont répartis au hasard en groupes soit expérimental, soit témoin. Cette répartition randomisée des personnes (tels que les prestataires de services ou les clients) ou des entités étudiées (telles que dispensaires d’hygiène, les villages ou les districts) lors d’expériences est différente de l’échantillonnage randomisé auquel on procède dans les enquêtes. Celui-ci vise à assurer que les individus inclus dans l’étude soient véritablement représentatifs de la population à laquelle ils appartiennent. Le but de la répartition randomisée dans les expériences est de s’assurer que le groupe expérimental et le groupe témoin soient vraiment comparables. On peut utiliser différentes techniques pour attribuer les unités d’étude de façon randomisée, en tirant à pile ou face, au moyen de dés à jouer, ou en se servant d’une table de nombres aléatoires, ou par un processus informatisé. Bien que la répartition randomisée soit la technique préférée, il n’est pas toujours possible de l’appliquer pour des raisons éthiques, programmatiques ou autres.

Dans la méthode pré-test/post-test à groupe témoin, les participants du groupe expérimental et du groupe témoin subissent un pré-test, qui consiste en la mesure ou l’observation initiale de leurs connaissances, attitudes, comportements ou pratiques, généralement administré au moyen d’un questionnaire, d’une enquête ou d’un véritable test. Le groupe expérimental est ensuite le seul à participer ensuite au programme ou à subir l’intervention.  Une fois le programme ou l’intervention achevés, les deux groupes subissent un post-test, seconde série de mesures ou d’observations effectuées exactement comme la première série, au moyen d’une enquête, d’un questionnaire ou d’un test. Étant donné que le groupe expérimental est le seul qui ait participé au programme ou subi l’intervention, il est logique de considérer que le post-test révèle des changements (de connaissances, d’attitudes, etc.) dus au programme ou à l’intervention.  De même, la répartition en deux groupes ayant été aléatoire, on peut s’attendre à ce que les « notes » du pré-test soient les mêmes pour les deux groupes.  Les deux groupes étant équivalents au début de l’expérience, on peut attribuer avec confiance les différences qui se manifestent entre eux lors du post-test aux effets du programme ou de l’intervention.

Le diagramme ci-dessous représente une méthode véritablement expérimentale de type pré-test/post-test à groupe témoin.





 

 

 


Défis et limitations des méthodes quantitatives (Nations Unies, 2006)

  • L’élaboration d’enquêtes qui peuvent fournir des données comparables et significatives exige des connaissances spécialisées. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour assurer une plus grande uniformité et une plus grande comparabilité lors du recueil et de la fourniture de données sur la violence à l’égard des femmes. De nombreuses estimations de la violence entre partenaires intimes ne sont pas comparables en raison des différences en matière de définition et de mesure de la violence. Il existe des lacunes dans la couverture géographique, les populations étudiées et les types de violence mesurés.
  • Il est fréquent que les données dont disposent les prestataires de services ne soient pas recueillies systématiquement, qu’il soit difficile d’y accéder, qu’elles ne soient pas désagrégées par sexe, et qu’elles soient incomplètes ou inexactes ou incohérentes. Si ce type de données peut avoir son utilité pour apprécier les changements intervenus dans les prestations de services, elles ne peuvent pas servir pour rendre compte avec précision du nombre de femmes et de filles subissant des abus, car beaucoup d’entre elles ne les déclarent pas ou n’ont recours à aucun service (santé, police ou système juridique). Les données des services ne peuvent pas être utilisées pour mesurer la prévalence de la violence étant donné que dans la plupart des sociétés, très peu de femmes victimes de violences déclarent les faits à la police ou aux services d’appui et que celles qui le font sont généralement les plus gravement blessées.
  • Les tests de pré-intervention et de post-intervention doivent être menés sur la population cible objet de l’intervention ainsi que sur un groupe témoin présentant des caractéristiques semblables. Il est souvent difficile de définir et d’identifier un tel group. Il y a également des difficultés éthiques lorsque l’on envisage d’inclure des femmes qui subissent peut-être des actes de violence dans un groupe témoin qui n’a pas accès aux services.
  • Une bonne analyse des données exige également des connaissances spécialisées.  Les erreurs commises lors de l’analyse aboutissent souvent à des conclusions dont la validité est contestable.

Sources d’informations quantitatives

Module d'enquête pour mesurer la violence contre les femmes (Commission économique des Nations Unies pour l'Europe). Ce module a été développé et testé pour permettre aux pays de recueillir un minimum d'informations pour mesurer la prévalence de la violence physique, de partenaire sexuel et intime contenues dans le rapport du Groupe des Amis du Président de la Commission de statistique des Nations Unies sur les indicateurs de la violence contre femmes. Le module a été testé en Arménie, la Géorgie, le Mexique, la République de Moldavie et l'Afrique du Sud. L'instrument d'enquête et d'orientation pour la mise en œuvre de l'enquête sont disponibles en anglais.

L’Étude multi-pays de l’Organisation mondiale de la santé sur la santé des femmes et la violence domestique à l’égard des femmes présente les résultats initiaux d’entrevues ayant eu lieu avec 24 000 femmes sur 15 sites et dans 10 pays : Bangladesh, Brésil, Éthiopie, Japon, Pérou, Namibie, Samoa, Serbie-Monténégro, République-Unie de Tanzanie et Thaïlande.

L’étude a été menée par l’OMS, en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), PATH USA, et des institutions de recherche et des organisations de femmes des pays participants.

Les constats documentent la prévalence de la violence entre partenaires intimes et ses rapports avec la santé physique, mentale, sexuelle et génésique des femmes. L’étude contient des données sur les actes de violence commis par de non-partenaires, les abus sexuels subis durant l’enfance et les premiers rapports sexuels forcés. Elle fournit aussi des informations sur les réactions des femmes : vers qui celles-ci se tournent-elles et à qui parlent-elles de la violence qu’elles subissent dans leur existence ? Quittent-elles leur partenaire violent ou le combattent-elles ? À quels services ont-elles recours et comment ceux-ci réagissent-ils ?


Les enquêtes démographiques et sanitaires (Macro International) sont des enquêtes auprès des ménages représentatives sur le plan national qui fournissent des données pour une large gamme d’indicateurs de suivi et d’évaluation d’impact dans les domaines de la population, de la santé et de la nutrition.

Les enquêtes démographiques et sanitaires standard sont menées auprès d’échantillons de grande taille (généralement de 5 000 à 30 000 ménages) et sont typiquement menées tous les 5 ans pour permettre des comparaisons diachroniques.

On dispose de donnés pour 83 pays. À la fin des années 1990, un module sur la violence domestique standardisé a été inclus en tant qu’option permettant aux gouvernements de recueillir des informations sur les indicateurs suivants :
> Expérience de toute forme de violence à n’importe quel moment et au cours des 12 derniers mois
> Fréquence de la violence
> Conséquences de la violence
> Violences durant la grossesse
> Premier incident de violence conjugale
> Violences commises par les femmes envers leur conjoint/partenaire
> Recherche d’aide éventuelle et, dans l’affirmative, auprès de quels services
> Expérience de la violence conjugale pour la mère de la femme interrogée

Plus de 25 pays ont fait usage de ce module.

Les enquêtes démographiques et sanitaires comprennent un module facultatif sur la mutilation/coupure génitale féminine qui fournit des données sur :
> Les connaissances relatives à la coupure génitale féminine
> La prévalence de la coupure génitale féminine
> Le pourcentage de femmes ayant au moins une fille vivante
> Le type de coupure génitale féminine
> La personne ayant pratiqué la coupure génitale féminine
> L’âge médian lors de la coupure génitale féminine
> Les attitudes concernant la coupure génitale féminine

L’International Violence against Women Survey [Enquête internationale sur la violence à l’égard des femmes] (Institut européen pour la prévention du crime et la lutte contre la délinquance avec des apports de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice et de Statistique Canada) est une enquête internationale comparative sur la violence à l’égard des femmes basée sur la méthodologie de l’International Crime Victims Survey.  Cette enquête a été menée initialement dans onze pays (Australie, Chine (Hong-Kong), Costa Rica, Danemark, Grèce, Italie, Mozambique, Pologne, Philippines, République tchèque et Suisse) auprès de plus de 23 000 femmes.

L’enquête couvre les domaines suivants :
> Prévalence et gravité de la violence
> Facteurs de risques et and corrélats
> Conséquences physiques et psychologiques
> Pourcentage d’actes de violence déclarés à la police et à d’autres organismes
> Réactions du système de justice pénale et évaluation de ces réactions par les femmes
Le rapport et l’instrument d’enquête sont disponibles à l’achat chez Springer.

L’International Men and Gender Equality Survey [Enquête internationale sur les hommes et l’égalité des sexes] (International Centre for Research on Women et Promundo) est l’un des instruments d’enquête les plus complets qui existent pour comprendre les comportements et les attitudes des hommes relatifs à l’égalité des sexes (et notamment à la violence à l’égard des femmes) et pour évaluer l’évolution de ces comportements et attitudes.  L’enquête est également menée auprès des femmes afin de comparer les attitudes et les comportements des deux sexes. Le questionnaire destiné aux hommes est disponible en anglais et en portugais.  Le questionnaire destiné aux femmes est disponible en anglais et en portugais.

Elaboración de las Líneas de base Sobre Tolerancia Social y Tolerancia Institucional de la Violencia Basada en el Género en Colombia [Détermination des situations de référence relatives à la tolérance institutionnelle et sociale de la violence sexiste en Colombie] (Programme intégré de lutte contre la violence sexiste en Colombie financé par le Fonds PNUD-Espagne pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement). Ces instruments de détermination de la situation de référence ont été élaborés sous l’égide du programme multisectoriel colombien; celui-ci intègre des éléments qui permettront les comparaisons avec certains des aspects de l’étude multipays de l’OMS ainsi que l’International Men and Gender Equality Survey. L’instrument d’enquête destiné aux institutions publiques est disponible en espagnol.  L’instrument d’enquête auprès des ménages est disponible en espagnol.