Développez du Matériel de Formation Adapté au Contexte

Dernière modification: December 03, 2010

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La question de la violence à l’égard des femmes en milieu urbain a été abordée par différents acteurs dans différentes villes de par le monde; leurs expériences peuvent être une source d’inspiration et peuvent faire l’objet d’adaptation compte tenu des spécificités du public visé. L’utilisation de techniques et d’outils simples permet aux participant(e)s et aux usagers/usagères de mieux comprendre les problèmes et les concepts enseignés, notamment les différentes politiques, législations et conventions, et les interventions. Il convient également d’utiliser les séances de renforcement des capacités pour collecter sur la sécurité des femmes et des filles en milieu urbain des informations supplémentaires capables d’orienter le programme et les stages de formation à venir ou les autres besoins de renforcement des capacités. Enfin, il importe de faire distribuer le matériel de formation le plus récent, au niveau national et international, pour aider les autres responsables de programme de villes sûres pour les femmes. 

Dispensez une formation aux fonctionnaires et aux prestataires de service.

Il convient de dispenser une formation sur le sujet de la violence subie par les femmes et les filles en milieu urbain en raison du déséquilibre des rapports de force entre les hommes et les femmes. Une telle formation permet de mieux appréhender la manière dont ces rapports de force sont liés à la violence. Expliquez en détail les facteurs qui accentuent les inégalités entre les sexes afin de mieux faire prendre conscience de la manière dont ils sont souvent établis ou ré-établis dans les rapports sociaux et les institutions. Les fonctionnaires et les prestataires de services devraient suivre une formation correspondant au rôle qu’ils sont appelés à jouer dans le développement des programmes de villes sûres pour les femmes et les filles. Les services administratifs les plus concernés par ces stages sont les suivants : planification, transports, développement social, parité des sexes et questions féminines, police, santé, système juridique et judiciaire. Outre les séances de formation dispensées par des experts, il serait utile de programmer également des témoignages personnels de femmes et de membres de la communauté sur des questions comme l’insécurité, le harcèlement sexuel et les agressions, dans le cadre des efforts de sensibilisation et pour permettre aux participants d’entendre des récits de première main sur le rôle clé que joue le genre dans ces incidents. La participation des fonctionnaires des services publics aux réunions publiques et locales contribue non seulement à les rapprocher des problèmes réels qui préoccupent la communauté, mais aussi à amorcer et à renforcer le processus de l’engagement citoyen dans le développement d’actions nationales ou locales dans ces domaines.

Ressources :

Ciudades sin violencia hacia mujeres, ciudades seguras para todos y todas : Módulo de capacitación [Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous: Module de formation]. (Programme régional d’UNIFEM « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », mis en œuvre par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine et des Caraïbes et financé par le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies, 2004). Cet outil a été développé à l’usage de fonctionnaires et des organisations de la société civile et de femmes. Il passe en revue les concepts de base régissant le lancement des campagnes de sensibilisation et des activités de formation en matière de villes sûres pour les femmes. Les sujets abordés comprennent la sécurité comme droit de l’homme, les causes profondes de la violence urbaine, les sentiments et les expériences des femmes, et les différentes incidences de la violence sur la vie quotidienne des femmes. Le module de formation décrit aussi comment la violence à l’égard des femmes peut devenir invisible dans la société, et souligne les limitations des approches traditionnelles à la sécurité et à la sûreté des femmes.

Source : CISCSA – Centro de Intercambio y Servicios Cona Sur. 2004. Ciudades sin violencia hacia las mujeres, ciudades seguras para todos y todas : Modulo de capacitación [Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous: Module de formation]. Argentine. Disponible en espagnol.

Guía Metodológica del Manual “Herramientas para la Promoción de Ciudades Seguras desde la Perspectiva de Género” (Guide méthodologique du Manuel Outils pour la promotion de villes sûres dans une perspective sexospécifique). Guatemala, 2008. Ce guide a été créé par la Fondation Guatemala dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous » exécuté par le Réseau Femmes et habitat d’Amérique latine. Il fournit des tableurs/fiches de travail pour différentes activités et divers ateliers ayant recours aux cinq modules conceptuel contenus dans le manuel Outils pour la promotion de villes sûres dans une perspective sexospécifique  (UNIFEM – Réseau Femmes et habitat d’Amérique latine – AECID, 2006). Pour chaque activité, sont indiqués les objectifs spécifiques, le contenu, les matériels et l’équipement requis, le temps nécessaire et la procédure/méthodologie. Bien qu’il soit fondé sur l’expérience guatémaltèque, il fournit des instructions générale susceptibles d’être adaptées et utilisée par divers groupes dans le cadre de tous leurs ateliers et activités.   Disponible en espagnol

Manuel sur les pratiques participatives dans la gouvernance locale : pour une participation citoyenne aux décisions municipales (M. Frojmovic, M.B. Elliott et L-M. Levac, 2007). Fédération canadienne des municipalités. Cet outil propose aux fonctionnaires des services municipaux et de l’État (y compris les urbanistes) une série d’actions stratégiques visant à accroître la participation citoyenne aux décisions municipales. Ces actions comprennent la publication et la diffusion de l’information, la mise en place de centres de ressources, les campagnes de sensibilisation au niveau local, le développement de tableaux d’affichage électronique, les réunions publiques, les audiences publiques, les manifestations portes ouvertes, les ateliers, les groupes de discussion, les enquêtes, la télévision participative, les séances de médiation, les groupes consultatifs de citoyens et les référendums. Cet outil peut servir aux programmes de villes sûres pour les femmes pour veiller à ce que les voix des femmes (et leurs préoccupations sécuritaires) se fassent mieux entendre au niveau municipal. Disponible en français et en anglais.

Tools to Support Environmental Sustainability, Gender Equality and Social Cohesion [Outils pour appuyer la durabilité environnementale, l’égalité des sexes et la cohésion sociale] (Centre international pour le développement municipal de la Fédération canadienne des municipalités, 2008). Ce guide explique comment les questions relatives à la durabilité de l’environnement, à l’égalité des sexes et à la cohésion sociale forment des thèmes interdépendants indispensables à la bonne gouvernance. Les sections du guide offrent chacune une liste de vérification et un outil de prise en compte des facteurs sexospécifiques, environnementaux et de cohésion sociale dans les activités des administrations municipales et dans les projets entrepris au niveau des municipalités. Ce guide peut aider les programmes de villes sûres pour les femmes à expliquer aux représentants des autorités municipales comment et pourquoi l’égalité des sexes est importante, et comment et pourquoi la question de l’égalité des sexes est liée à d’autres questions, par exemple la planification et l’aménagement urbains et la sensibilisation. Disponible en anglais.

Dispensez une formation à l’intégration des sexospécificités au personnel de planification pour lui faire comprendre la manière différente des hommes et des femmes d’utiliser l’espace. La façon dont l’espace est aménagé est ressentie différemment par les hommes et par les femmes en raison des rôles différents qui leur sont impartis. Ces différences ont à leur tour une influence sur leur manière d’utiliser l’espace. Il importe d’encourager l’intégration des sexospécificités de manière à ce que l’aménagement urbain puisse être revu et la participation des femmes et des autres membres de la communauté prise en considération afin de rendre le processus de planification plus paritaire et de veiller à y inclure l’ensemble de la communauté. L’intégration des sexospécificités dans le processus de planification ne devrait pas se limiter aux groupes de femmes déjà ciblés par le programme, mais aussi à ceux qui participent activement au processus de planification (les femmes urbanistes peuvent avoir des points de vue uniques sur des questions comme la sécurité des femmes). L’intégration des sexospécificités devrait être étudiée comme un concept qui encourage l’égalité et remet en cause les idées reçues sur les rôles traditionnels impartis aux hommes et aux femmes. (C. Greed, 2007).

Sensibilisez le personnel des transports publics aux manières différentes des hommes et des femmes d’utiliser et de ressentir les transports publics. Les femmes subissent différentes formes de harcèlement et d’agression de nature sexuelle dans les transports publics (autobus, métros et trains ainsi que dans les stations et aux arrêts). Il importe en conséquence de sensibiliser d’abord le personnel des transports publics aux conséquences de la violence et des sentiments d’insécurité sur la vie des femmes, y compris les préoccupations liées à la peur et à la réduction de leur mobilité. Il est tout aussi important de les sensibiliser aux mesures que le personnel et les services des transports publics peuvent prendre pour assurer leur mobilité et leur sécurité, et aux politiques ou législations en vigueur qui exigent l’application de mesures analogues. La sensibilisation des conducteurs, par exemple, à la manière d’agir en cas de harcèlement sexuel et de situations violentes, ou l’application de mesures d’incitation pour augmenter le nombre d’employées et de conductrices dans les transports publics sont quelques-unes des actions à envisager, de même que le lancement de campagnes médiatiques de tolérance zéro du harcèlement sexuel.

Voir la section Transports publics sécuritaires pour de plus amples informations.

ÉTUDE DE CAS : Formation des conducteurs d’autobus à New Delhi

De septembre à décembre 2007, JAGORI, centre féminin de formation, de documentation, de communication et de ressources installé à New Delhi, a organisé des sessions de formation en matière de harcèlement sexuel destinées aux conducteurs et receveurs d’autobus au dépôt Nand Nagari. Plus de 3 500 conducteurs et receveurs ont participé à ce programme destiné à modifier les attitudes et les croyances concernant le harcèlement sexuel dans le cadre plus vaste de la discrimination sexiste. La formation s’est déroulée dans un autobus immobile pour donner l’impression d’un cadre réel et pour mettre véritablement les conducteurs et les receveurs à la place des passagers. Les sessions étaient interactives et comportaient des exercices de partage d’expériences, des mises en situation et des débats avec les participants, pour conclure sur le rôle que ceux-ci (conducteurs et receveurs d’autobus) pourraient eux-mêmes jouer pour renforcer la sécurité des femmes dans leurs déplacements en autobus. Les sessions se sont achevées en soulignant le rôle que doit jouer le personnel de la Delhi Transportation Corporation pour assurer la sécurité des femmes et des filles dans les transports publics. Les conducteurs et les receveurs ont échangé des idées sur la manière de traiter les situations de harcèlement sexuel dans leurs véhicules. Les actions proposées allaient de l’arrêt et du refus du conducteur de continuer son trajet tant que l’auteur du délit n’était pas descendu du bus, à la suggestion de faire un détour à la demande des passagères qui souhaitaient être déposées aussi près de leur domicile que possible, surtout tard le soir.

Plus récemment, JAGORI a dispensé des programmes de formation des formateurs aux moniteurs chargés de former les conducteurs des véhicules de la Delhi Transport Corporation. Ces programmes visent à améliorer les connaissances des participants, à leur faire réviser leurs points de vue, à les amener à réfléchir aux raisons de l’omniprésence de la violence et du harcèlement sexuel ainsi qu’aux moyens de les éliminer. Ils ont également pour objectifs d’accroître les connaissances et les aptitudes à la communication des conducteurs, des receveurs et du personnel de la DTC pour traiter ces problèmes et pour y apporter des solutions rapides. Un rapport sur la formation, avec plan général, recommandations et retours d’information des participants, est disponible ici, en anglais et en hindi (dans le même document).

Source : JAGORI, New Delhi, Inde. Sans date. DTC Gender Trainings: Our Experiences. Disponible en anglais.

Dispensez une formation aux agents de développement social.

Les agents qui travaillent dans les domaines du développement social tels que ceux de l’enfance, de la jeunesse, de la violence, de la diversité sexuelle et de la culture, entre autres, devraient recevoir une formation sur les causes de la violence urbaine à l’égard des femmes et l’impact de celle-ci sur le quotidien des femmes. Une formation appropriée leur permettra de mettre en évidence les nombreux aspects du problème de la violence sexiste, autorisant ainsi l’intégration de stratégies susceptibles de favoriser la sécurité et l’égalité des femmes dans les programmes de développement social. Il serait ainsi possible d’inclure dans les programmes culturels, par exemple, des éléments concernant le droit des femmes aux loisirs dans les espaces publics.

Dispensez une formation au personnel des services chargés de la condition de la femme ou des affaires féminines, sur la sécurité urbaine des femmes et la violence sexiste dans les espaces publics.

Les services de la condition de la femme ou des affaires féminines des gouvernements locaux qui sont souvent chargés de développer des programmes en matière de prévention de la violence domestique, familiale et interfamiliale, et de fournir une aide aux survivantes et/ou victimes de telles violences, n’ont pas toujours l’expérience nécessaire, notamment en matière de prise en compte des sexospécificités. Il importe en conséquence d’offrir une formation qui examine les problèmes conceptuels et pratiques, notamment l’impact de la violence urbaine sur la vie des femmes, les liens entre la discrimination sexiste et la violence sexiste dans les espaces publics et privés, et les pratiques encourageantes qui favorisent le développement de programmes intégrés comportant des stratégies polyvalentes et plurisectorielles pour combattre la violence à l’égard des femmes dans les espaces publics. Par ailleurs, la coordination des organismes chargés d’activités plurisectorielles, comme les services municipaux pour les femmes, devra passer par une formation sur les actions de nature à encourager, à gérer et à suivre la coopération et l’intervention des autres acteurs et secteurs.

Dispensez une formation aux agents de police, y inclus ceux de la police communautaire.

Les agents de police, y inclus ceux de la police communautaire, sont des acteurs clés dans l’aménagement de villes sûres pour les femmes, en raison de leur mission de prévenir la violence dans les espaces publics et d’intervenir lorsqu’elle se produit. Leur présence dans les rues, sur les places publiques et dans les zones piétonnières urbaines fait qu’ils ont souvent un contact direct avec les femmes. Ces agents sont des personnes auxquelles les femmes doivent pouvoir s’adresser lorsqu’elles se sentent menacées de violence. C’est pourquoi il est important qu’ils reçoivent une formation sur les questions touchant à la violence à l’égard des femmes dans les espaces privés et publics, de sorte qu’ils comprennent mieux les femmes et établissent plus facilement le contact avec elles.

Dispensez une formation en matière de sécurité urbaine aux groupes de femmes et aux organisations locales.

Les informations données aux femmes sur les politiques publiques et les projets et programmes gouvernementaux, notamment les dispositifs participatifs et/ou les dispositifs d’aménagement de villes sûres pour femmes, leur permet d’acquérir des connaissances dans ce domaine et de participer plus activement aux prises de décision. Offrir aux femmes les moyens de renforcer leurs aptitudes en matière de leadership et de participer aux discussions avec les responsables municipaux sur leurs revendications et propositions pour renforcer la sécurité urbaine constitue la première étape pour assurer leur contribution à l’élaboration de politiques, de projets et de programmes municipaux. Les négociations qui s’ensuivent leur permettent d’être considérées comme des citoyennes actives et de donner la pleine mesure de leurs capacités comme agents du changement; elles exercent ainsi leur droit de vivre à l’abri de la violence. Les partenaires de programme en matière de sécurité urbaine des femmes devront prévoir, dans le cadre de la formation continue et du processus d’autonomisation, des actions permettant aux femmes qui ont reçu une formation de partager leurs connaissances avec les autres groupes de femmes et groupes locaux. Cela contribuera à renforcer les programmes et les réseaux locaux qui visent à sensibiliser davantage la communauté au problème de la violence sexiste et à mieux intégrer les propositions conçues pour combattre la violence à l’égard des femmes.

Étude de cas : Taller Entre Nosotras : Un lugar de encuentro y desarrollo para mujeres de la población Santa Clara [Atelier - Entre nous : Lieu de rencontre et de développement des femmes de Santa Clara]

Ce matériel, produit par la SUR Corporation, membre du Réseau Femmes et Habitat du Chili, présente les principales activités d’un atelier qui a été conçu en collaboration avec un groupe de femmes d’un quartier pauvre de la périphérie de Santiago. L’atelier visait principalement à : 1) Encourager le développement personnel, le renforcement des capacités et la sensibilisation des participantes en matière d’égalité des sexes; 2) Encourager l’autonomisation, la participation et l’organisation des femmes; 3) Renforcer les voix des femmes dans les propositions d’amélioration physique des espaces publics des quartiers. L’atelier a été dans l’ensemble une expérience enrichissante et stimulante qui a permis de tirer les enseignements suivants :

  • L’atelier a été une expérience nouvelle pour toutes les participantes. Malgré le passé d’animatrices de groupes locaux de certaines, aucune n’avait encore participé à un atelier sur le développement personnel avec les autres membres de la communauté. Les femmes ont particulièrement soutenu cette expérience collective.
  • L’atelier a conduit au développement de liens interpersonnels entre les participantes et contribué à renforcer la confiance de celles-ci. Le sentiment de «se retrouver entre amies » a été un aspect positif de l’atelier et a posé les jalons de futures initiatives de mobilisation des femmes.
  • La sensibilisation accrue des femmes aux questions liées à l’égalité des sexes leur a permis de mener une réflexion sur leur existence sous un éclairage nouveau. Cela leur a également permis de voir comment la discrimination sexiste et la violence à l’égard des femmes s’inscrit dans une continuité historique. Elles ont eu l’occasion de faire part de leur détresse et de panser leurs blessures dans un cadre sécurisant, rassurant et respectueux.  Cette expérience très réconfortante les a également autonomisées en les informant des actions entreprises et des stratégies utilisées par d’autres femmes exposées à la maltraitance.
  • Le fait que ces femmes ont compris qu’elles avaient des droits et ont réfléchi sur leur situation et place de femmes dans un couple, une famille et une communauté a contribué considérablement à renforcer leur sens identitaire.
  • L’atelier a confirmé l’importance de l’utilisation de méthodologies participatives qui reposent sur les expériences vécues des femmes et qui demandent aux participantes d’avoir un comportement réflectif et ludique en même temps. L’atelier a réaffirmé la place fondamentale des aspects psychologiques et physiques dans la prise de conscience et de connaissance de soi, le développement des aptitudes sociales et la capacité d’agir et de communiquer avec les autres (Rojas Bravo, Ximena, 2008).

Source : X. Rojas Bravo, 2008. Taller Entre Nosotras : Un lugar de encuentro y desarollo para mujeres de la población Santa Clara. Éditions SUR, Santiago de Chili. Disponible en espagnol.

ÉTUDE DE CAS : Groupe de discussion avec les femmes de Suba (Colombie)

Trente-cinq animatrices d’organismes sociaux de Suba (Colombie) ont été choisies pour participer à un programme de formation par le biais d’un groupe de discussion sur les droits de la femme, les causes et manifestations de la violence à l’égard des femmes dans les espaces publics, et les actions de mobilisation en matière de politiques publiques, en vue de constituer un groupe de femmes dont les activités seraient tournées vers l’aménagement d’un environnement urbain sécuritaire. Ce stage a plus particulièrement consacré ses efforts aux activités suivantes :

  • Formation en matière de droits de l’homme et de droits de la femme;
  • Formation aux concepts de base en matière de participation, connaissance des législations en vigueur, opportunités et dispositifs de participation aux niveaux local et national;
  • Développement d’instruments d’évaluation et de projets d’action par le biais d’audits et de matrices de sécurité;
  • Participation aux comités locaux de citoyens, aux assemblées locales et au conseil de planification local pour influencer l’élaboration des politiques.

Il a été procédé à une évaluation participative par laquelle les organisations de femmes ont mesuré la portée des actions et des programmes exécutés par les autorités locales et présenté des propositions destinées à améliorer les actions des responsables locaux en matière de sécurité urbaine des femmes. Les deux objectifs principaux de l’évaluation étaient d’accroître l’autonomie et le pouvoir des organisations participantes et d’améliorer l’efficacité des actions entreprises par les autorités locales en matière de prévention de la violence à l’égard des femmes et d’intervention lorsque celle-ci se produit. Parmi les réalisations de l’atelier avec les dirigeantes locales figurent :

L’établissement de dossiers sur les formes de violence subie par les femmes dans les espaces publics (y compris les lieux où la violence se produit) et sur les causes de la violence;

Des propositions d’action;

L’élaboration d’un programme de mobilisation politique et d’intervention en faveur de l’aménagement de villes plus sûres pour les femmes.  Ce programme définit les parties intéressées et les objectifs en matière de sécurité urbaine et locale des femmes et propose les actions suivantes :

Réglementer la fermeture de terrains publics et privés par les municipalités;

Autoriser le public à utiliser les espaces verts et garantir un éclairage et entretien satisfaisants;

L’élaboration de programmes éducatifs pour les femmes

La formation des agents de la police écologique et de la communauté à la surveillance informelle des espaces publics réservés aux activités récréatives;

La construction d’arrêts d’autobus bien éclairés pour les femmes et les filles;

L’apport au Bureau des espaces publics de la ville de Rosario des moyens nécessaires pour aménager des espaces publics qui tiennent compte des sexospécificités;

L’optimisation des services de transports publics et d’autobus pour éviter l’occupation excessive des véhicules.

À l’issue de la formation et grâce à celle-ci, les 35 participantes ont joué un rôle actif dans leur communauté s’impliquant dans des activités comme :

Le Pacte de sécurité et de bon voisinage du quartier de Rincón;

Le Programme régional des organisations de femmes, commandité par le secrétaire à la politique publique sur la condition féminine et l’égalité des sexes;

L’élaboration d’une proposition avec le Conseil de planification locale;

L’élaboration du Plan de développement de la municipalité de Suba et du Plan de développement régional, qui comportent des éléments de réflexion et d’intégration des sexospécificités et qui prévoient l’inscription de la question de la violence à l’égard des femmes à l’ordre du jour des débats municipaux et régionaux.

La formation dispensée aux groupes de femmes sur le problème de la sécurité urbaine et l’espace qui leur a été fourni pour le développement de leurs capacités leur ont permis de participer activement à l’élaboration des politiques générales de renforcement de la sécurité urbaine sur le plan local.

Ces actions ont été menées dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », mis en œuvre par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Source : M. Dalmazzo, N. Serrano et L. Cardona. 2008. Ciudades Seguras : Violencia Contra las mujeres y Politicas Públicas : Bogotá, Colombia – Localidad de Suba. Red Mujer Y Hábitat, Colombia. Disponible en espagnol.

La formation de groupes et d’organisations communautaires aux questions de sécurité urbaine des femmes accroît la possibilité d’utiliser les ressources locales disponibles, d’élargir les réseaux sociaux et de développer des stratégies plus inclusives.

Il importe de faire une place aux groupes locaux et aux autres organisations, ainsi qu’aux représentants de différents groupes démographiques comme les hommes, les garçons, les filles, et les groupes vulnérables dans les stages de formation sur la sécurité urbaine des femmes. Rendre la violence à l’égard des femmes plus perceptible et en faire le problème et la responsabilité de tous plutôt que le problème des seules femmes, facilite l’inclusion des questions relatives à la sécurité des femmes et à l’égalité des sexes dans un grand nombre de programmes apparentés.

C’est ainsi que les organisations et les groupes déjà engagés dans la défense des droits de l’homme, la participation locale et la construction urbaine plus égalitaire pourraient incorporer des actions de prévention et d’aménagement urbain sécuritaire pour les femmes directement dans les activités déjà en cours.

Étude de cas : Simpcw First Nation (Colombie-Britannique, Canada).

La Simpcw First Nation a développé, réalisé et évalué trois ateliers d’une journée  chacun pour présenter la question de la sécurité communautaire par le biais d’actions d’intervention et de prévention de la maltraitance et de la violence. L’accent y a été mis sur les jeunes et les survivants des maltraitances de la Première Nation et sur les conseillers et experts qui ont contribué à la sécurité communautaire. Les ateliers ont identifié différents outils d’incitation à la sécurité, de sensibilisation aux différentes formes de maltraitance, et de développement d’approches qui facilitent l’intervention et la prévention de la maltraitance et de la violence.

Source : Ministry of Community Services, British Columbia. 2006. Community Guide for Preventing Violence against Women. Victoria: Government of British Columbia, Canada: page 24. Disponible en anglais.

Formez des professionnels des médias et des journalistes à la manière de rendre compte de la violence à l’égard des femmes.

Il faut se garder de sous estimer l’importance de l’influence formatrice des médias (presse écrite, cinéma, radio, télévision, internet, etc.) sur l’opinion publique. L’information fournie par les médias, souvent loin d’être objective, peut reproduire des stéréotypes de comportement et de rapports entre les hommes et les femmes. Par ailleurs, les médias peuvent se révéler un important vecteur d’informations et d’opinions qui remettent ces stéréotypes en question et appellent l’attention sur les différentes causes, y compris les causes structurelles, de la violence sexiste. Il convient par conséquent de se montrer proactif en proposant une formation aux spécialistes des médias sur la manière dont ils traitent les cas de violence sexiste dans les espaces publics et privés (Rodigou; 7: 2007). Les partenaires des programmes de sécurité urbaine des femmes doivent se tenir informés du type d’activités déjà entreprises pour améliorer la couverture médiatique de la violence sexiste dans différentes villes. Cela leur permettra ensuite d’essayer de former des alliances avec les responsables de tels activités pour bénéficier des expériences de ces derniers et pouvoir formuler leurs propres programmes de formation aux journalistes. Ces alliances sont également de nature à renforcer le programme de villes sûres pour les femmes. Pour leur part, les journalistes ayant reçu une formation pourront partager leurs connaissances avec leurs collègues. Cela permettra d’améliorer leurs capacités d’assurer une couverture responsable de la violence sexiste et d’éviter de renforcer les stéréotypes sexistes. Le soutien des journalistes est des plus utiles pour remettre en question et modifier les façons dont les médias traitent les cas de violence sexiste et en rendent compte.

Ressources :

Genre

Guide des formatrices et formateurs : Pour un environnement urbain sécuritaire : Formation en aménagement sécuritaire (Comité d’action femmes et sécurité urbaine (CAFSU) et Programme Femmes et Villes, 2004). Cette trousse de formation offre des conseils concernant la formation en matière d’aménagement urbain sécuritaire pour les femmes de responsables publics, d’entrepreneurs privés, de promoteurs et d’architectes. Elle comporte trois sections, qui traitent de la formation visant à sensibiliser aux questions d’aménagement de villes sûres pour les femmes, de gestion de villes sûres et d’organisation de débats sur les interventions ciblées. Disponible en français.

Gendersite: Gender and the Built Environment Database (2008). Gendersite est un centre de ressources en ligne développé par le Women’s Design Service et destiné à l’usage des décideurs, des architectes et des concepteurs pour approfondir leur compréhension des questions de genre et de renforcement de l’environnement bâti. Le site contient aussi une base de données pour la recherche de ressources (ouvrages, articles de journaux, thèses) sur la condition de la femme, l’égalité des sexes et le cadre bâti. Disponible en anglais.

 Renforcement des capacités de prévention de la violence familiale, Charlottetown, Ile du Prince-Édouard, Canada. (Charlottetown, Ile du Prince- Édouard : Programme de prévention de la violence dans La sécurité des femmes – Une préoccupation universelle : Recueil de pratiques et de politiques 2008 (Centre international de prévention de la criminalité, 2008) : pages 15-16. À Charlottetown, un programme de divertissement éducatif et de sensibilisation en matière de prévention de la violence familiale a été mis en place à l’intention des employés municipaux. Le programme, articulé en sessions d’une à trois heures,  comportait une vidéo ainsi que quatre modules pouvant être présentés seuls ou ensemble, en fonction de l’auditoire ciblé. Ce programme de renforcement des capacités est toujours dispensé aux nouveaux employés et aux élus. La ville a intégré cette formation aux politiques et programmes de gestion de son département des Ressources humaines, ce qui en assure la pérennité. En outre, les participants reçoivent une trousse d’information dont une petite carte de référence jaune portant les noms et les numéros de téléphone des responsables locaux d’aide aux victimes de la violence. Cette carte fait désormais partie de l’uniforme des employés municipaux (Travers et al., 15). Disponible en français, en anglais et en espagnol.

Police

Manual de Capacitación para la Guardia Urbana Municipal [Manuel de formation à l’intention de la Garde urbaine municipale] (CISCSA, 2008). Ce manuel de formation a été mis au point par la police communautaire de Rosario (Argentine). Il regroupe les sujets relatifs à la violence urbaine à l’égard des femmes abordés dans les ateliers de formation organisés à l’intention des membres de la Garde urbaine municipale. Le manuel s’articule en quatre modules et deux annexes, les principaux sujets traités étant les suivants : établissement du lien entre la violence urbaine et la violence à l’égard des femmes, déconstruction des mythes et des préjugés, conventions internationales, législations nationales et régionales, et intervention en cas de violence sexiste et prévention. Les modules comportent des textes théoriques et instructifs et des exercices pratiques de réflexion et d’analyse susceptibles d’être utilisés comme outil d’évaluation de la formation. Le manuel a été développé dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM «Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », exécuté par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine et des Caraïbes. Disponible en espagnol.

 Société civile

Sécurité des femmes : De la dépendance à l’autonomie : Boîte à outils du CAFSU (A. Michaud, en collaboration avec M. Chappaz, 2001). Comité d’Action Femmes et Sécurité Urbaine (Canada). Cette boîte à outils propose un modèle d’intervention exhaustif en matière de sécurité urbaine des femmes. Elle met l’accent sur les stratégies permettant aux femmes d’assurer leur propre sécurité et offre des informations sur les causes et les conséquences des craintes des femmes de la criminalité, et sur les mythes et préjudices qui les entourent. La boîte à outils traite de sujets comme les approches d’intervention, les activités spécifiques destinées aux hommes, aux femmes et au public en général, les stratégies de mobilisation collective et la manière d’envisager les processus de planification et d’aménagement urbain. Disponible en français, en anglais et en espagnol.  

ACTIVITÉ : « Bonne/Mauvaise dirigeante » (YMCA, 2006). Cet exercice vise à développer les capacités de leadership des femmes, en renforçant leur confiance en elles et en soulignant les compétences qu’elles possèdent déjà. Les participantes expliquent pourquoi elles éprouvent de l’admiration ou pas pour certains responsables et sont encouragées à travailler ensemble. Les conclusions de l’exercice peuvent être reliées aux programmes de villes sûres pour les femmes dans le cadre de débats sur les qualités de leadership nécessaires pour renforcer la sécurité urbaine des femmes. Disponible en français, en anglais et en espagnol.

Cuaderno de Trabajo «Jóvenes al Ruedo» [Cahier d’exercices « Jeunes en action »] (S. Bruera et M. Gonzalez, en collaboration avec M. Bengoa. 2007). Red de Educación Popular entre Mujeres de América Latina y el Caribe : pages 35- 55. Ce cahier d’exercices peut être utilisé pour renforcer les connaissances des jeunes et des femmes sur les sujets suivants : villes, insécurité et violence; formes de violence urbaine; jeunes en action; structuration/déstructuration sociale de la sécurité/de l’absence de sécurité; et cohabitation dans un cadre urbain sécuritaire. Le chapitre 3 traite plus particulièrement des formes de violence sexiste en milieu urbain et propose des actions concrètes pour aborder ce problème avec les jeunes. Ces activités ont été mises au point par le REPEM (Red de Educación Popular entre Mujeres de América Latina y el Caribe), dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM «Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », exécuté par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine et des Caraïbes. Disponible en   espagnol.

Working with Men in Preventing Gender-based Violence in the Horn, East and Southern Africa: A Regional Dialogue [Travailler avec les hommes à la prévention de la violence sexiste dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est et australe : Un dialogue régional]. (Raising Voices et ONU-HABITAT, Safer Cities Programme, 2004) : pages 44-52. Ce chapitre du guide regroupe les expériences d’organisations africaines travaillant avec les hommes sur la question de la violence à l’égard des femmes. L’accent y est mis sur les leçons tirées et les recommandations relatives au renforcement des capacités, et/ou à la sensibilisation des hommes à ces questions. Un programme en matière de sécurité urbaine des femmes et des filles devra prévoir des activités impliquant les hommes et les garçons afin d’établir des relations d’égalité plus viables entre les sexes. L’engagement des hommes est également indispensable pour que les principes de l’autonomie des femmes et du règlement non-violent des conflits soient plus largement respectés. Les autres problèmes à aborder avec les hommes sont la déconstruction des normes traditionnelles de masculinité et le renforcement de la participation des hommes à la vie familiale, notamment en tant que pères de famille. Partie un, deux et trois sont disponible en anglais.

Médias

  • La Violencia hacia las mujeres en los medios de comunicación: Transformando las noticias. [La violence à l’égard des femmes dans les médias : transformer les nouvelles] (2007).  Cet outil, développé à Rosario (Argentine), vise à aider les journalistes à rapporter avec précision les cas de violence sexiste. Il comporte un lexique de termes non sexiste, une analyse critique de plusieurs articles publiés dans les journaux locaux, des références aux sites Web qui offrent des informations sur la violence à l’égard des femmes et une annexe d’outils destinés à éviter la reprise de stéréotypes sexistes dans la presse. Outil mis au point dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM « Ville sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », exécuté par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine et des Caraïbes. Source 2007. La Violencia hacia las mujeres en los medios de comunicación: Transformado las noticias. UNIFEM, AECI, CISCSA. Disponible en espagnol.
  • Advancing a Prevention Frame Through Media [Promouvoir un cadre de prévention par l’entremise des médias] (Prevention Connection:  The Violence against Women Prevention Partnership, 2006).  California Coalition Against Sexual Assault, USA. Cet outil se présente sous la forme d’un bref exposé avec diapositives pouvant être utilisé par les groupes d’intervenants qui souhaitent assurer que les médias rapportent comme il convient la gravité du problème de la violence à l’égard des femmes. La présentation montre quels sont les moyens dont disposent les associations de défense des femmes et les médias pour aborder la violence à l’égard des femmes de manière à faire comprendre la gravité du problème et le préjudice qu’il porte à la société en général. Des exemples de la manière d’ « orienter » les articles sur la violence à l’égard des femmes y sont proposés, ainsi que des échantillons sur les diverses façons de traiter les informations sur la question. Disponible en anglais.
  • Decálogopara el tratamiento periodístico de la violencia contra las mujeres [Dix critères de traitement journalistique de la violence à l’égard des femmes] (PAR (Periodistas de Argentina en Red por una comunicación no sexista) [Réseau de journalistes argentins pour une communication non sexiste], 2008). Ce guide, destiné aux journalistes et aux autres personnes qui travaillent dans le secteur médiatique, offre 10 recommandations de base sur la manière de couvrir les informations ayant trait à la violence à l’égard des femmes. Disponible en espagnol.